Prévention et surveillance de la cardiotoxicité aux anthracyclines

Mis à jour le mardi 27 septembre 2022
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Mathilde Baudet

Dr Mathilde BAUDET
Membre du CoDIR du GCO
Paris

Prévention de la cardiotoxicité aux anthracyclines

En prévention primaire, les recommandations ESC 2022 rappellent l’importance du contrôle des facteurs de risque cardiovasculaires (Classe I) et ce, avant, pendant, et après le traitement anti-cancéreux.

Il est également recommandé d’introduire un traitement par IEC/ARAII, bétabloquants et statines chez les patients à haut et très haut risque de cardiotoxicité (Classe IIa).

Il est également possible d’utiliser la dexrazoxane, chélateur du fer modulant la toxicité des anthracyclines sur le myocyte dans cette même population (Classe IIa).

En prévention secondaire, le patient porteur d’une cardiopathie doit être traité de façon optimale, selon les recommandations ESC (Classe I).

Chez les patients à haut et très haut risque, une discussion entre cardiologue et oncologue portera sur la possibilité d’utiliser des anthracyclines liposomales, moins cardiotoxiques que les anthracyclines classiques (Classe I).

Surveillance d’un patient sous anthracyclines dans l’année suivant l’introduction des ATC

Le schéma de surveillance proposé par ces recommandations ESC varie selon le risque de cardiotoxicité du patient.

Chez les patients à bas risque, une ETT devra être réalisée 1 an après la fin du traitement (Classe I). Il n’est pas nécessaire de faire une surveillance des biomarqueurs cardiaques (Classe IIa).

Chez les patients à risque intermédiaire, une ETT devra être réalisée après 250 mg/m² (Classe IIa), puis 1 an après la fin du traitement (Classe I). Il conviendra de doser les biomarqueurs cardiaques toutes les 2 cures, et à 3 mois après la fin du traitement.

Chez les patients à haut et très haut risque, la surveillance sera renforcée avec une ETT toutes les 2 cures, puis à 3 et 12 mois après la fin du traitement. La surveillance des biomarqueurs se fera à toutes les cures, puis à 3 et 12 mois après la fin du traitement (Classe I).

Surveillance d’un patient sous anthracyclines au dela de 1 ans  suivant l’introduction des ATC  

Une nouvelle évaluation des patients ayant reçu des anthracyclines se fera 1 an après la fin de la chimiothérapie, pour décider du schéma de surveillance des patients ayant survécu au cancer.

On reclassera à haut risque le patient ayant reçu plus de 250 mg/m² de doxorubicine, ou une association doxorubicine/radiothérapie, ayant développé une cardiotoxicité myocardique ou une cardiopathie au cours du traitement anti-cancéreux.

Il est recommandé, chez tous les patients ayant reçu un traitement cardiotoxique, d’avoir un dépistage annuel des facteurs de risque cardiovasculaire.

Chez les patients à haut ou très haut risque, on y ajoutera la réalisation d’une échographie cardiaque à 1, 3 et 5 ans de la fin du traitement, puis tous les 5 ans (classe IIa).

Chez les patients à risque intermédiaire, une ETT pourrait se discuter tous les 5 ans (Classe IIb).

Ces recommandations insistent aussi sur la surveillance des patients ayant reçu des anthracyclines dans l’enfance ou l’adolescence, population à haut risque de cardiotoxicité.

Chez les patients ayant reçu 100-250 mg/m² de Doxorubicine, ou une association doxorubicine / radiothérapie, une ETT devra être réalisée tous les 5 ans, en plus d’un dépistage annuel des facteurs de risque cardiovasculaire (Classe IIa). Elle sera réalisée tous les 2 ans chez les patients ayant reçu plus de 250 mg/m² ou une association radiothérapie/doxorubicine, avec des doses plus importantes.

 

Retrouvez l'intégralité du dossier spécial "L’essentiel des recommandations ESC 2022 en cardio-oncologie par le groupe de cardio-oncologie de la SFC"