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Recommandations de l'Académie de médecine pour réduire l'inégalité de prise en charge de l'infarctus chez les femmes
Publié le mercredi 12 mars 2025
Face à une inégalité de prise en charge de l'infarctus du myocarde chez les femmes, il est nécessaire de sensibiliser la population et les acteurs de santé, d'élaborer des protocoles de soins prenant en compte les particularités de la population féminine et de réaliser des études spécifiquement chez les femmes, recommande l'Académie de médecine dans un rapport rendu public lundi 24 février.
Faisant d'abord un état des lieux, ce rapport rappelle qu'il y a un délai de 30 minutes dans la prise en charge des femmes ayant un infarctus par rapport aux hommes, lié principalement à un temps plus long entre le début d'apparition des symptômes et le contact médical. De plus, 20% des femmes "vont aller dans un service d'accueil des urgences ou chez leur généraliste car l'appel aux services d'urgences n'a pas été suivi d'effet".
Ensuite, le délai pour arriver à une revascularisation coronaire est plus long en raison d'un retard de diagnostic des services d'urgences, contribuant à ce que la mortalité hospitalière s'élève à 9,6% chez la femme contre 3,9% chez l'homme. Enfin, les femmes bénéficient significativement moins du traitement optimal post-infarctus tel que spécifié dans les recommandations, et ont un moindre accès à la réadaptation. Ce problème, qui est également observé dans d'autres pays, serait lié notamment à des "particularités anatomiques des artères coronaires" des femmes (plus petites et plus sinueuses que celles des hommes) ainsi que, dans un petit pourcentage de cas, des "causes particulières de l'infarctus" (syndrome de Takotsubo, dissection coronaire spontanée, infarctus sans obstruction coronaire) qui "nécessitent une reconnaissance précoce et une approche adaptée".
S'ajoutent des facteurs sociétaux. Les auteurs du rapport citent le fait qu'étant susceptibles de ressentir des douleurs qui sont dites "normales" (dysménorrhées, douleur de l'accouchement…) à différents moments de leur vie, les femmes peuvent minimiser les douleurs thoraciques "bien que celles-ci soient présentes dans 92% des cas comme chez l'homme et avec la même intensité". Il y a également une perception de l'infarctus comme maladie de l'homme, ce qui peut influencer le diagnostic et la prise en charge des femmes.
Le rapport déplore la persistance d'une sous-représentation des femmes dans les études cardiovasculaires, ce qui a "des répercussions profondes sur la compréhension des maladies cardiovasculaires chez les femmes et la formulation de protocoles de traitement adaptés", alors même qu'il y a des différences biologiques, hormonales et physiologiques entre les sexes et que les propriétés pharmacologiques des médicaments peuvent être différentes, ainsi que leurs risques d'effets secondaires.
Sensibilisation et formation
Martine Gilard et les six autres membres du groupe de travail émettent quatre recommandations. Ils demandent de mettre en place des "programmes de sensibilisation et de formation pour les professionnels de santé", notamment ceux des services d'accueil des urgences et du Samu, "afin de mieux reconnaître et comprendre les particularités de l'infarctus chez les femmes, en mettant l'accent sur la description différente des symptômes par les femmes et la recherche des facteurs de risque spécifiques".
Il faut parallèlement "élaborer des protocoles de soins qui tiennent compte des particularités anatomiques et des causes spécifiques de l'infarctus chez les femmes, et améliorer les techniques de prise en charge diagnostiques et thérapeutiques". Là aussi, les professionnels doivent être sensibilisés aux différences de genre dans les besoins et les réponses aux traitements. La question de l'accès à la réadaptation est également mentionnée.
Ils pointent la nécessité de sensibiliser le public au fait que l'infarctus du myocarde n'est pas uniquement masculin et qu'il est "important devant toute douleur thoracique d'appeler le 15 et non d'aller aux urgences ou d'appeler son médecin".
La quatrième recommandation concerne la recherche, avec la nécessité de "réaliser des études cardiovasculaires dédiées aux femmes dans le domaine diagnostique et thérapeutique". De plus, il faut promouvoir la surveillance continue des tendances de l'infarctus chez les femmes, "en accordant une attention particulière aux femmes jeunes non ménopausées", l'incidence de l'infarctus du myocarde augmentant chez les femmes jeunes.
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