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Prise en charge des arrêts cardio-respiratoires chez les patients atteints de cancer
Publié le mardi 31 octobre 2023
Dr Laurent François
Hospices Civils de Lyon, CREATIS, Université Claude Bernard Lyon 1
Lyon
La question
La survie des malades cancéreux à un arrêt cardiaque extra hospitalier (ACEH) est mal connue.
Objectif
Comparaison au sein de la population avec ACEH entre patients avec diagnostic de cancer de moins de 5 ans à un groupe témoin sans cancer en terme de :
- Retour d’une activité cardio circulatoire spontanée (RACS)
- Survie à 30 jours
- Survie à 1 an et 5 ans (des survivants à 30 jours)
Par ailleurs études de deux sous-groupe au sein de ACEH avec cancer en fonction du :
- Stade du cancer : loco régional (80 %) ou métastatique (20%)
- Localisation du cancer
Méthodes
Étude rétrospective à partir du registre suédois des arrêts cardiaques extra hospitalier et du registre national patients, permettant d’identifier ceux avec un diagnostic de cancer dans les 5 ans avant la survenue de l’arrêt cardiaque.
Le groupe témoin est défini par les patients sans diagnostic de cancer dans les 5 ans avant ACEH.
Principaux résultats
30 163 patients avec ACEH sont identifiés entre le 01 janvier 2010 et le 31 décembre 2017 dont 2894 avec diagnostic de cancer depuis moins de 5 ans.
On notera que l’inclusion dans le registre des ACEH n’est réalisée que si des gestes de réanimation sont entrepris, donc exclusion des malades sans réanimation pré hospitalière.
En terme de RACS :
- Sous-groupe avec cancer loco régional : survenue de RACS dans 33 % des cas versus 35 % dans le groupe témoin (OR à 0,93 [0,85-1,02]) donc pas différence significative
- Sous-groupe avec cancer métastatique : RACS dans 25 % des cas contre 35 % dans le groupe témoin (OR à 0,60 [0,5-0,73])
- Il est à noter qu’il est retrouvé un nombre de rythme choquable moindre dans le sous-groupe cancer métastatique : 10,8 % sous-groupe métastatique, 20,1 % sous-groupe cancer loco régional, 23,1 % groupe témoin
- La durée de la réanimation n’est pas connue dans ce registre
La survie à 30 jours :
- Globalement, la survie à 30 jours est moins bonne statistiquement dans le groupe avec cancer (OR à 0,57 [0,49-0,66])
- Sous-groupe avec cancer loco régional : elle est plus faible de 5,7 % versus 9,4 % dans le groupe témoin (OR à 0,68 [0,57-0,82])
- Sous-groupe avec cancer métastatique : elle est seulement de 2,5 % donc significative plus faible que dans le groupe témoin (OR à 0,24 [0,14-0,40]).
- Le pronostic est retrouvé plus sombre en cas de cancer gynécologique (OR à 0,14 [0,02-0,98]), hématologique (OR à 0,54 [0,30-0,97]) et du poumon (OR à 0,07 [0,02-0,21]).
La survie à 1 an est de 40 % sous-groupe métastatique, 83 % sous-groupe cancer loco régional, 91 % groupe témoin.
Et 5 ans de 8 % sous-groupe métastatique, 50 % sous-groupe cancer loco régional, 77 % groupe témoin.
Conclusions des auteurs
La survie à 30 jours des patients avec cancer est moindre par rapport à ceux sans cancer, mais le stade du cancer et sa localisation semblent être des facteurs plus importants de survie que le statut cancéreux par lui-même
Commentaires
Cette étude réalisée à partir de registres de grandes qualités est vraiment intéressante, montrant finalement que la probabilité de RACS est identique en cas d’ACEH chez les patients avec cancers loco régionaux que chez ceux sans cancer. Cela semble être diffèrent dans le sous-groupe avec métastases, mais on ignore la durée de la réanimation et importance de l’arsenal thérapeutique employé : aussi se pose la question d’une réanimation pré hospitalière moins intensives dans ce sous-groupe du fait du statut métastatique.
Cette interrogation, partagée par les auteurs, est également posée face à la survie à 30 jours moindre des malades avec cancer : la réanimation hospitalière est-elle conduite de la même manière dans le groupe avec cancer, en particulier s’agissant de son stade ?
Figure . Survie à partir du 30ème jour pour les patients n'ayant pas de cancer, ayant un cancer locorégional et ayant un cancer métastatique
Référence
Retrouvez l'intégralité du dossier spécial "Nouveautés en cardio-oncologie, un an après les recommandations ESC 2022"