Trois interventions sous anesthésie sur 10.000 se soldent par un arrêt cardiaque péri-opératoire, avec de bonnes chances de survie

Publié le lundi 27 novembre 2023

APM news

LONDRES, 24 novembre 2023 (APMnews) - Un arrêt cardiaque péri-opératoire survient au cours de trois interventions sous anesthésie sur 10.000 dans les hôpitaux britanniques, les chances de survie des patients concernés étant cependant bien meilleures qu'en cas d'arrêt cardiaque dans un autre service hospitalier ou en dehors de l'hôpital, selon deux études britanniques publiées dans Anaesthesia.

Ces données sont issues du septième audit national du Royal College of Anaesthetists, qui s'est focalisé pour cette édition sur les arrêts cardiaques péri-opératoires, pour lesquels a été constatée l'absence de déclaration systématique au Royaume-Uni et donc la méconnaissance de leur incidence, leur prise en charge et leur pronostic.

Cette étude porte sur les données de tous les hôpitaux du National Health Service (NHS) et quelques hôpitaux indépendants, avec la participation de plus de 11.000 anesthésistes à travers le Royaume-Uni.

Entre juin 2021 et juin 2022, 881 cas d'arrêt cardiaque péri-opératoire ont été enregistrés, sur 2,71 millions d'anesthésies réalisées, soit une incidence de 3 pour 1.000 anesthésies.

Les patients concernés par un arrêt cardiaque péri-opératoire étaient plus souvent des hommes, dans 56% des cas, alors que 42% des interventions étaient réalisées chez des hommes.

Un quart des arrêts cardiaques sont survenus chez des personnes de plus de 75 ans alors que seulement 13% des interventions concernaient cette tranche d'âge, et 8% sont survenus chez des enfants de moins d'un an, alors qu'ils ne représentaient que 1% des interventions.

Ces évènements sont en outre survenus plus souvent chez des patients en moins bonne santé et présentant d'autres conditions médicales: 37% des arrêts cardiaques concernaient des patients ayant un statut ASA de 4-5 alors qu'ils ne représentaient que 4% des patients anesthésiés, tandis que les patients de statut ASA 1-2 représentaient 26% des arrêts cardiaques mais 73% de la population chirurgicale.

Les interventions les plus souvent concernées par les arrêts cardiaques étaient celles réalisées en urgence, ou bien durant le week-end ou le soir et la nuit (18h-8h), ainsi que les chirurgies complexes.

La chirurgie orthopédique traumatique était la plus pourvoyeuse d'arrêts cardiaques péri-opératoires (12% des arrêts cardiaques), suivie de la chirurgie abdominale (10%), la chirurgie cardiaque (9%) et la chirurgie vasculaire (8%).

Par rapport au volume d'activité, c'est la chirurgie cardiaque qui était la plus à risque d'arrêt cardiaque péri-opératoire (9% des d'arrêts cardiaques pour 1% des interventions), la cardiologie (8% pour 1%) et la chirurgie vasculaire (8% pour 2%).

Les causes d'arrêt cardiaque étaient principalement les hémorragies majeures (17%), la brady-arythmie (9%) et l'ischémie cardiaque (7%).

Dans 82% des cas, l'arrêt cardiaque était imputable à un facteur inhérent au patient, à l'anesthésie dans 40% des cas et à la chirurgie dans 35% des cas.

Ces données "mettent en exergue une interaction complexe entre facteurs liés au patient, à la chirurgie et à l'anesthésie dans de nombreux cas d'arrêt cardiaque péri-opératoire", commentent les auteurs.

Chez les patients de statut ASA 1 recevant une chirurgie de routine, l'incidence des arrêts cardiaques était de 1 sur 10.000, et celle des décès de 1 sur 132.000.

Les trois quarts des patients réanimés, la moitié survivent à l'hospitalisation

La deuxième étude porte sur la prise en charge et le pronostic de ces arrêts cardiaques. Sur les 881 cas enregistrés, 723 étaient non choquables. Les trois quarts ont pu être réanimés, et 52% d'entre eux ont survécu jusqu'à la fin de l'hospitalisation.

Seuls 23% des patients ayant un arrêt cardiaque dans d'autres services hospitaliers survivent, et moins de 10% de ceux qui ont un arrêt cardiaque extra-hospitalier sont vivants un mois plus tard, fait remarquer Tim Cook du Royal United Hospitals Bath NHS Trust à Bath, l'un des investigateurs, dans un communiqué. "Le taux de survie plus élevé est probablement lié au fait d'être dans un environnement sous haute surveillance, par un anesthésiste formé capable d'identifier rapidement les causes d'un arrêt cardiaque et d'y répondre rapidement", ajoute-t-il.

Une évolution fonctionnelle favorable (évaluée avec le score de Rankin modifié) a été obtenue chez 88% des patients ayant survécu à leur hospitalisation, soit 249 patients.

Là encore, les âges extrêmes de la vie étaient un facteur défavorable à la survie jusqu'à la sortie de l'hôpital, de même que les interventions en urgence.

Les décès ont été jugés inévitables dans 31% des cas. La qualité des soins pendant et après l'arrêt cardiaque a été jugée bonne dans 80% des cas et mauvaise dans 2% des cas. Mais des éléments de mauvaise prise en charge avant l'arrêt cardiaque ont été identifiés dans 32% des cas.

Une autre analyse tirée de cet audit national, publiée également dans Anaesthesia, montre que la fréquence des complications potentiellement graves est de 1 sur 18 procédures impliquant une anesthésie, en dehors des anesthésies obstétricales.

(Anaesthesia, publications en ligne du 16 novembre, études 1 et 2, et publication en ligne du 9 novembre)

Source: APMnews

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