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Durée de la double anti-agrégation plaquettaire dans le syndrome coronaire aigu : l’essai DUAL-ACS
En direct du congrès de l'ESC 2025
Publié le lundi 1 septembre 2025
Messages clés
- Une thérapie par double anti-agrégation plaquettaire (DAPT) de 12 mois est recommandé après un infarctus du myocarde (IDM) (classe I, A) bien que des données suggèrent que le bénéfice de la DAPT sur la prévention des récidives est concentré dans les 3 premiers mois alors que le risque hémorragique persiste.
- L’essai DUAL-ACS est une étude multicentrique, randomisée contrôlée contre placebo, menée chez une population non sélectionnée de patients ayant présenté un IDM de type 1, comparant 3 mois versus 12 mois de DAPT.
- Cet essai n’a pas montré de différence significative en termes de mortalité à 15 mois, mais suggère une tendance à moins d’hémorragies avec 3 mois de DAPT sans atteindre la significativité statistique.
Méthodologie et résultats
Rationnel
Une thérapie par double anti-agrégation plaquettaire (DAPT) de 12 mois est recommandé après un infarctus du myocarde (IDM) (classe I, A)(1) bien que des données suggèrent que le bénéfice de la DAPT sur la prévention des récidives est concentré dans les 3 premiers mois alors que le risque hémorragique persiste(2,3). De précédentes données indiquent qu’une durée plus courte de la DAPT présenterait une efficacité équivalente pour réduire les récidives, avec un risque moindre d’hémorragies majeures et une tendance à une réduction de la mortalité chez les patients ayant un infarctus du myocarde revascularisé par angioplastie(4,5).
L’objectif de l’étude DUAL-ACS était d’évaluer l’efficacité et la sécurité d’une DAPT de 3 mois après infarctus du myocarde.
Méthodologie
Il s’agit d’une étude interventionnelle multicentrique, randomisée, en ouvert et contrôlée contre placebo, menée chez des patients ayant présenté un IDM de type 1, comparant 3 vs 12 mois de DAPT. Le critère de jugement principal était la mortalité toute cause à 15 mois (Figure 1). Les critères secondaires incluaient le décès cardiovasculaire, un critère composite de décès cardiovasculaire ou d’IDM non fatal, l’IDM, et la thrombose de stent (Figure 2). Les critères de sécurité comprenaient un critère composite de décès non cardiovasculaire ou de saignement majeur non fatal, et les saignements majeurs (Figure 3).
L’étude prévoyait environ 17 000 patients pour obtenir une puissance de 85 %, mais le recrutement s’est arrêté à 5 052 patients en raison de la pandémie mondiale du COVID-19.
Figure 1
Figure 2
Figure 3
Résultats
L’âge médian des patients était de 63 ans et 27% étaient des femmes. Ils présentaient les facteurs de risque cardiovasculaires habituels avec 25% de tabagiques, 57% d’hypertendus, 20% de diabétiques et 41% de dyslipidémiques. La majorité des patients (71%) avaient bénéficié d’une revascularisation percutanée. Plus de la moitié (53%) avaient bénéficié d’un traitement par Clopidogrel, 43% avaient bénéficié du Ticagrélor et 5% du Prasugrel.
Après un suivi de 15 mois, le critère de jugement principal est survenu chez 2,7 % des patients du groupe DAPT 3 mois contre 3,4 % dans le groupe DAPT 12 mois (HR 0,78 ; IC 95 % : 0,57–1,07 ; p = 0,1232), sans différence observée concernant la mortalité cardiovasculaire ou l’infarctus du myocarde non fatal. Les hémorragies majeures, fatales ou non fatales, ont concerné 3,2 % des patients sous DAPT 3 mois et 4,0 % des patients sous DAPT 12 mois (HR 0,78 ; IC 95 % : 0,58–1,06 ; p = 0,0977).
Références
D’après la présentation du Professeur David Newby (University of Edinburgh, UK).
Conclusion
Dans l’essai DUAL-ACS, comparée à 12 mois, une DAPT de 3 mois n’a montré aucune différence significative sur la mortalité toutes causes, les décès cardiovasculaires, l’infarctus du myocarde ou la thrombose de stent, mais une tendance à moins d’hémorragies majeures ou fatales. La principale limite de l’étude reste son manque de puissance statistique lié à l’arrêt prématuré du recrutement et à des taux d’évènements plus faibles qu’attendu.