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PRONOUNCE : évaluation de la sécurité cardiovasculaire de traitements suppresseurs androgéniques dans le cancer de la prostate
Publié le dimanche 29 août 2021
Auteur :
Othmane Benmansour
Membre du Collège des Cardiologues en Formation,
Tours
Relecture :
Guillaume Bonnet
Paris
En direct de l'ESC Congress 2021
D'après la présentation de Renato Lopes (Durham, États-Unis) : "PRONOUNCE: comparing cardiovascular safety of degarelix vs. leuprolide in patients with advanced prostate cancer and cardiovascular disease".
Messages clés
- 1er essai interdisciplinaire, randomisé, évaluant la sécurité cardiovasculaire des agonistes versus antagonistes de la GnRH, qui impliquait une étroite collaboration entre les urologues, les oncologues et les cardiologues.
- Absence de résultat significatif en raison d’un arrêt prématuré, sur un recrutement et un nombre événement moins important que prévu.
- PRONOUNCE propose un nouveau modèle de collaboration, dans le domaine de la cardio-oncologie, entre les urologues, les oncologues et les cardiologues.
Contexte
Plus d'un million d'hommes sont diagnostiqués d’un cancer de la prostate chaque année dans le monde1.
Ces patients présentent un risque élevé de développer une maladie cardiovasculaire2,3.
Environ 50 % des patients atteints d'un cancer de la prostate se verront prescrire une suppression androgénique à un moment ou à un autre de leur maladie. Cette suppression androgénique est associée aux maladies cardiaques et aux accidents vasculaires cérébraux, en particulier chez les hommes présentant une maladie cardiovasculaire préexistante4.
Cependant, il n'est pas clair si cela est dû à la méthode de privation androgénique - c'est-à-dire l'orchidectomie, les antagonistes de la testostérone ou la modulation de la libération des Gonadotrophines Récepteur hormonal (GnRH) - ou bien au traitement pharmacologique eux-mêmes. Des recherches antérieures ont suggéré que les antagonistes de la GnRH pourraient être associés à un profil de sécurité cardiovasculaire préférable.
PRONOUNCE est le premier essai clinique à comparer prospectivement la sécurité cardiovasculaire d'un antagoniste de la GnRH par rapport à un agoniste de la GnRH chez des patients atteints d'un cancer de la prostate. Il s'agit également du premier essai interdisciplinaire, en cardio-oncologie, qui impliquait une étroite collaboration entre les urologues, les oncologues et les cardiologues.
Principe de l'étude
Méthodologie
PRONOUNCE est un essai clinique randomisé, multinational, ouvert sur l’allocation des traitements. Il compare prospectivement la sécurité cardiovasculaire d'un antagoniste de la GnRH par rapport à un agoniste de la GnRH chez des patients atteints d'un cancer de la prostate.
L'essai a été initialement conçu pour recruter 900 hommes atteints d'un cancer de la prostate et d'une maladie cardiovasculaire athéromateuse concomitante.
Les participants ont été randomisés 1:1 pour recevoir l'antagoniste de la GnRH (degarelix) ou l'agoniste de la GnRH (leuprolide) pendant 12 mois. Il était demandé que les participants soient suivis par un cardiologue afin d’optimiser le traitement de prévention secondaire cardiovasculaire.
Figure 1 : Diagramme de Flux
Critère de jugement
Le critère de jugement principal était le délai jusqu'à la première apparition d'un événement cardiovasculaire indésirable majeur (MACE), défini comme un ensemble de décès, d'infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral sur 12 mois.
Résultats
Résultats principaux
L’essai s’est déroulé de mai 2016 à avril 2020 sur 113 centres dans 12 pays.
Le recrutement a été plus lent que prévu et l'essai s'est terminé prématurément, avec moins de la moitié des 66 événements cibles prévus chez 545 patients randomisés.
L'analyse a inclus 545 hommes avec un âge moyen de 73,2 ans.
À 12 mois, aucune différence statistiquement significative du taux de MACE n'a été observée entre les patients traités par degarelix par rapport à ceux traités par leuprolide. Il y a eu 15 (5,5 %) et 11 (4,1 %) événements de critère principal dans les groupes degarelix et leuprolide, respectivement (p = 0,53).
Figure 2 : résultat concernant le critère de jugement principal. Kaplan Meier inversé, estimant la probabilité cumulative de 1er événement cardiovasculaire (décès, IDM, AVC)
Résultats oncologiques
La progression cancéreuse n’est pas différente statistiquement, et est apparue auprès de 24 patients assignés au groupe degarelix et 27 patients assignés au groupe leuprolide (HR 0.89, 95 % CI 0.51–1.54)
Conclusion
PRONOUNCE est le premier essai clinique, international, randomisé, à comparer prospectivement la sécurité cardiovasculaire d'un antagoniste de la GnRH et d'un agoniste de la GnRH chez les patients atteints d'un cancer de la prostate.
Il n’y avait pas de différence retrouvée entre les deux thérapies concernant les évènements cardio-vasculaires à 1 an.
Néanmoins, PRONOUNCE fournit un modèle de collaboration prometteuse interdisciplinaire entre urologues, oncologues et cardiologues, avec un objectif commun d'évaluer l'impact cardio-vasculaire de thérapies contre le cancer.
Références bibliographiques
- Rawla P. Epidemiology of prostate cancer. World J Oncol. 2019;10:63–89.
- Leong DP, Fradet V, Shayegan B, et al. Cardiovascular risk in men with prostate cancer: insights from the RADICAL PC Study. J Urol. 2020;203:1109–1116.
- Sturgeon KM, Deng L, Bluethmann SM, et al. A population-based study of cardiovascular disease mortality risk in US cancer patients. Eur Heart J. 2019;40:3889–3897.
- Gunner C, Gulamhusein A, Rosario DJ, et al. The modern role of androgen deprivation therapy in the management of localised and locally advanced prostate cancer. J Clin Urol. 2016;9(2 Suppl):24–29.
Pour en savoir plus, consultez les résultats détaillés, en langue anglaise, présentés lors de l'ESC 2021 : "PRONOUNCE: comparing cardiovascular safety of degarelix vs. leuprolide in patients with advanced prostate cancer and cardiovascular disease"
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