Parmi les effets indésirables rapportés sous statines, une majorité serait associée à un effet nocebo

Publié le jeudi 30 septembre 2021
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APM news

WASHINGTON, 24 septembre 2021 (APMnews) - Un certain nombre d’effets indésirables chez les patients traités par statine sont aussi ressentis par des patients sous placebo et ne seraient donc pas dus au médicament mais à un effet nocebo, selon une étude publiée mardi dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC).

La plupart des personnes qui commencent les statines les abandonnent, le plus souvent en raison d'effets secondaires, principalement des douleurs musculaires, de la fatigue ou des crampes.

Pourtant, "plusieurs essais contrôlés contre placebo chez plus de 80 000 participants n'ont pas trouvé de preuves d'une augmentation des symptômes sous statine versus placebo", rappellent James Howard de l'Imperial College London et ses collègues anglais dans l'introduction de leur étude.

Ils ont réalisé une étude contrôlée par placebo pour évaluer l'apparition et l'intensité de symptômes chez les patients qui avaient arrêté leur traitement par statine en raison d'effets indésirables intolérables. Ils ont également mesuré l'effet "nocebo" (le rapport des symptômes induits par la prise de statine mais aussi par la prise d'un placebo).

Dans l'essai SAMSON, 60 patients d'âge médian 65,5 ans ont reçu 4 flacons remplis de comprimés de statine (20 mg d'atorvastatine) correspondant à 1 mois de traitement chacun, 4 flacons remplis de comprimés placebo, et 4 flacons vides.

Ils devaient utiliser ces flacons d'une manière randomisée spécifiée, à raison d'un par mois, sur une année. Ils devaient également déclarer l'intensité de leurs symptômes quotidiennement, sur une l'échelle allant de 1 à 100 (0 : aucun symptôme à 100 : symptômes insoutenables). En cas de symptômes intolérables, ils pouvaient arrêter les comprimés assignés pour le mois en cours, mais devaient tout de même notifier leurs symptômes.

Au total, 49 participants ont complètement suivi le traitement sur 12 mois et 11 jusqu'à 11 mois (il y a eu 7 arrêts décidés par le patient et 4 par l'équipe soignante, principalement pour des effets secondaires sévères). Six mois après la fin de l'étude, 59 ont participé au suivi supplémentaire.

L'intensité moyenne des symptômes indésirables était de 8 points pendant la période où le groupe ne bénéficiait pas de traitement (période de flacons vides). En revanche, elle était aussi élevée pendant la période où le groupe prenait les statines (16,3 points) que pendant la période sous placebo (15,4 points).

Ce résultat montre qu'il n’y avait pas de différence statistiquement significative entre placebo et statine. La majorité des effets indésirables rapportés viendraient donc d'un effet "nocebo" (un effet placebo négatif).

Disparition rapide des symptômes après arrêt des comprimés

Cet effet nocebo, calculé par les auteurs, c'est-à-dire la proportion de symptômes induits par la prise de statine mais aussi par la prise du placebo, était de 90 %.

L'apparition de symptômes a très vite diminué entre les phases de prise de placebo ou statines et celles ou les participants ne prenaient rien. Les scores ont chuté de plus de la moitié dans les 3 jours suivant l'arrêt des comprimés dans 55 % des cas, que le comprimé soit ou non une statine.

Six mois après l'étude, 30 des 60 participants (50 %) avaient recommencé à prendre un traitement à base de statines. Chez les autres, 18 ont manifesté un refus en raison des effets secondaires, 4 ont vu une amélioration de leur cholestérol, un autre a été diagnostiqué d'une maladie neurodégénérative et un dernier s'est considéré comme "trop vieux".

Chez les 30 participants reprenant un traitement, 10 d'entre eux avaient interrompu partiellement leur traitement au cours des 12 mois d'étude en raison d'effets secondaires.

Dans la discussion, les chercheurs soulignent que ces effets secondaires pouvaient résulter de la prise de statines mais qu'ils étaient majoritairement liés à "la prise d'un comprimé, avec ou sans statine".
Ils précisent que 26 des 60 patients ont arrêté pendant la prise de statine, mais que 23 personnes sur 60 ont aussi fait une pause avec un placebo avant la fin du traitement mensuel. De plus, "plusieurs participants n'ont pratiquement ressenti aucun effet indésirable au cours de l'essai, alors qu'ils en avaient eus lors d'une précédente expérience médicale", relèvent-ils.

L'une des limites notées par les chercheurs est l'utilisation dans leur étude d'une seule statine au même dosage.

(The JACC, édition n°12 de septembre 2021, vol 78 p1210-1222 également mise en ligne le 21 septembre)

Source: APMnews

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