Insuffisance cardiaque : le programme de télésurveillance Scad en France est coût-efficace

WASHINGTON, 25 octobre 2022 (APMnews) - Le programme de télésurveillance Scad (suivi clinique à domicile) des patients atteints d'une insuffisance cardiaque est coût-efficace par rapport aux soins hospitaliers standard, selon les résultats d'une étude médico-économique française publiée début octobre dans BMC Cardiovascular Disorders.
Le programme de télésurveillance Scad a été déployé dès 2007 en Normandie chez les patients insuffisants cardiaques. Environ 1.000 patients ont été intégrés à ce dispositif entre 2007 et 2016.
Une étude observationnelle rétrospective, publiée en juillet dans la revue ESC Heart Failure, a mis en évidence une diminution des ré-hospitalisations et des décès chez les patients participant à ce programme.
Les autorités françaises évaluent actuellement l'intérêt de le généraliser et de le rembourser.
Mégane Caillon d'Amgen France et Rémi Sabatier du CHU de Caen et membre de l'Association pour l'amélioration de la prise en charge de l'insuffisance cardiaque (Apric) en Normandie, ainsi que leurs collègues, ont analysé le rapport coût-efficacité du programme Scad par rapport aux soins hospitaliers standard chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque.
Les résultats et les coûts ont été générés dans un modèle de Markov simulant les hospitalisations et la mortalité chez les patients sur 10 ans. Les chercheurs ont utilisé le système national de données de santé (SNDS) pour collecter le nombre et le motif des hospitalisations des patients suivis.
Le coût du programme Scad était basé sur les tarifs précisés par le programme national d'évaluation de la télémédecine du ministère de la santé (programme ETAPES). Dans le modèle, un coût mensuel de 78,3 euros a été appliqué sur une période de six mois.
Le programme Scad a été associé à 4,41 années de vie ajustées sur la qualité de vie (QALY) contre 3,75 QALY dans le cadre de soins standard. Le dispositif de télésurveillance apporte un gain de 0,65 QALY sur les 10 ans.
Le coût total de la prise en charge de l'insuffisance cardiaque a été estimé à 30.932 euros dans le cadre des soins standard et à 35.177 euros avec le programme de télésurveillance, soit un coût incrémental de 4.245 euros. Le "coût différentiel plus élevé […] [est] principalement dû à des coûts de gestion totaux plus élevés, car les patients ont survécu plus longtemps", précisent les auteurs.
Le ratio différentiel coût-résultat (RDCR, ICER en anglais) du programme Scad par rapport aux soins standard a été estimé à 4.579 euros par année de vie gagnée et à 6.491 euros par QALY à l'horizon de 10 ans.
Afin d'identifier dans quel type de suivi des patients le programme Scad pourrait être le plus efficace, les auteurs ont étudié des sous-groupes de patients. Le programme de télésurveillance était particulièrement plus efficient chez ceux avec une fraction d'éjection ventriculaire gauche (FEVG) préservée (FEVG >50%), à 5.843 euros par QALY. L'ICER atteignait 6.625 euros par QALY chez ceux avec une fraction d'éjection légèrement réduite (FEVG entre 40 et 49%) et 6.431 euros/QALY en cas de FEVG réduite.
Le constat était similaire chez les patients atteints d'une insuffisance cardiaque sévère, appartenant à la classe NYHA III/IV, avec un ICER de 5.176 euros/QALY, contre un ICER de 7.500 euros/QALY pour les patients NYHA I/II.
Dans la discussion, les chercheurs expliquent que si les programmes de télésurveillance "supportent un coût, attribuable à la fois au coût du programme lui-même et à des coûts de gestion plus élevés liés à des coûts ambulatoires plus élevés et à une survie plus longue des patients, ce coût est relativement faible par rapport au coût total de la prise en charge de l'insuffisance cardiaque".
Ils ont établi que "le programme avait une probabilité de 90% d'être coût-efficace, à un seuil de propension à payer de 11.800 euros"/QALY.
En France, "on compte environ 540.000 patients pris en charge pour une insuffisance cardiaque, ce qui a généré un coût total pour l'assurance maladie en 2013 de 1,1 million d'euros", rappellent-ils. Ils ajoutent que rendre accessible le programme Scad au coût actuel de 470 euros pour six mois "générerait des économies à court terme via la réduction des hospitalisations".
"L'extension du programme à d'autres hôpitaux et à un plus grand nombre de patients aurait un impact budgétaire limité mais offrirait des avantages cliniques importants", soulignent-ils.
(BMC Cardiovascular Disorders, publication en date du 10 octobre)
Source: APMnews
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