Une possible augmentation de la mortalité avec les statines chez les plus de 75 ans
WASHINGTON, 24 mai 2017 (APMnews) - Les statines n'apportent pas de bénéfice chez les personnes âgées de 65 ans et plus et pourraient même augmenter la mortalité chez celles de 75 ans et plus, selon une analyse de l'étude randomisée ALLHAT-LLT publiée dans le JAMA Internal Medicine.
Cette étude publiée il y a 15 ans avait montré, chez 10.355 personnes hypertendues ayant un taux de LDL-cholestérol modérément élevé, qu'un traitement par pravastatine en prévention primaire cardiovasculaire ne diminuait pas la mortalité et diminuait légèrement, mais de façon non significative, le risque d'événement cardiovasculaire (cf dépêche du 17/12/2002 à 17:55).
Si la question du niveau de bénéfice des statines en prévention primaire continue d'être débattue en raison d'études contradictoires, elle est d'autant plus posée chez les personnes âgées de 75 ans et plus. Il y a d'une part une incertitude sur l'intérêt du traitement de la maladie athérosclérotique à cet âge, et d'autre part il suffirait d'une légère augmentation des morbidités gériatriques pour que tout bénéfice cardiovasculaire soit annulé, notent Benjamin Han de l'université de New York et ses collègues.
Face à ces incertitudes, ils ont réanalysé les données de ALLHAT-LLC en s'intéressant aux 1.467 personnes âgées.
Chez les participants, qui avaient entre 65 et 74 ans, ni la mortalité toutes causes ni le risque d'événement cardiovasculaire n'étaient significativement modifiés par le traitement par pravastatine. En revanche, chez les participants de 75 ans et plus, une augmentation de 34% de la mortalité toutes causes a été observée.
Cette augmentation n'atteignait pas le seuil de significativité statistique. Mais les auteurs de l'étude s'en inquiètent tout de même.
Ils notent que chez les personnes les plus âgées, les statines pourraient avoir plusieurs effets négatifs: elles sont associées à un risque de complication musculaire plus élevé et elles pourraient augmenter le niveau de fatigue à l'effort des patients, ce qui les affaiblirait. Elles pourraient aussi avoir un effet négatif sur les capacités cognitives.
(JAMA Internal Medicine, publication en ligne du 22 mai)
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