Suivre l'évolution temporelle du NT-proBNP serait efficace pour détecter les personnes les plus à risque d'insuffisance cardiaque

Publié le vendredi 17 février 2023
dans
APM news

WASHINGTON, 13 février 2023 (APMnews) - Une augmentation de plus de 25% sur six ans de la concentration sanguine en NT-proBNP ainsi qu'un niveau resté constant sont associés à un surrisque important d'insuffisance cardiaque et de mortalité toute cause, d'après une étude américaine publiée mercredi dans JAMA Cardiology.

Le peptide natriurétique NT-proBNP est un biomarqueur connu de l'insuffisance cardiaque. En 2021, en France, des professionnels du milieu de la cardiologie ont appelé à la généralisation du dépistage du risque cardiologique par dosage du NT-proBNP avant d'orienter les patients vers une échographie cardiaque.

Une nouvelle étude, menée par Xiaoming Jia du Baylor College of Medicine de Houston (Texas) et ses collègues, montre qu'un double dosage du NT-proBNP à six ans d'intervalle permettrait de mieux identifier les personnes à risque d'insuffisance cardiaque.

Leur étude a été réalisée grâce au suivi de quelque 9.700 participants, dont 57% de femmes. Ceux-ci ont eu une première visite médicale à 57 ans en moyenne, puis une seconde visite environ six ans plus tard, avec à chaque fois un dosage du NT-proBNP. Ils ont ensuite été suivis pendant 20 ans en médiane.

À leur seconde visite, 46% des participants avaient de l'hypertension, 15% du diabète et 7% une maladie coronarienne. Ont été exclus de l'étude les participants ayant présenté des signes d'insuffisance cardiaque à leur recrutement ou qui ont été hospitalisés pour cette raison avant leur seconde visite.

Pour chaque visite, les participants ont été répartis en groupes de faible niveau (concentration sanguine inférieure à 125 ng/l) ou de niveau élevé (supérieure ou égale à 125 ng/l) en NT-proBNP. Puis, en fonction de l'évolution de leur taux en NT-proBNP entre les deux visites, leurs risques d'insuffisance cardiaque et de décès ont été évalués.

Au total, durant la période de suivi, environ 2.000 insuffisances cardiaques ont été rapportées. L'incidence était de 9,5 cas pour 1.000 personnes-années pour les participants dont le niveau en NT-proBNP est resté faible, de 20,5/1.000 pour ceux dont le niveau est passé de faible à élevé, de 14,6/1.000 pour ceux dont à l'inverse le niveau a diminué et, enfin, de 25,5/1.000 pour les participants dont le niveau en NT-proBNP est resté élevé.

La réduction du NT-proBNP est associée à une réduction de la mortalité toute cause

De plus, pendant le suivi, 4.500 participants sont décédés, toutes causes confondues. Le taux d'incidence était, pour 1.000 personnes-années, de 21,4 parmi les participants à niveau faible constant, de 35,7 pour ceux à niveau augmenté, de 25,6 pour ceux à niveau diminué et de 41,4 pour les participants dont le niveau s'est maintenu à un haut niveau.

En matière de risque et par rapport aux participants ayant eu un taux en NT-proBNP qui s'est maintenu à un faible niveau, ceux dont le niveau de ce biomarqueur a augmenté ou s'est maintenu à un niveau élevé sont ainsi associés à un surrisque d'insuffisance cardiaque de 86% et 140% respectivement, ainsi qu'un surrisque de mortalité toute cause de 32% et 68%.

Une analyse plus détaillée montre que les personnes ayant montré à leur première visite un faible niveau en NT-proBNP mais dont ce niveau a ensuite augmenté de plus de 25% sont associées à des surrisques d'insuffisance cardiaque de 93% et de décéder de 56%, par rapport à ceux n'ayant pas eu un changement d'une telle amplitude.

Quant aux participants qui présentaient déjà un niveau élevé à la première visite et ont eu encore une augmentation de plus de 25%, ils sont associés à un risque d'insuffisance cardiaque multiplié par 6,6 et un risque de décéder multiplié par 5,5 par rapport aux participants du même groupe dont le taux en NT-proBNP n'a pas évolué ainsi.

Enfin, les auteurs constatent que les personnes ayant un niveau initial élevé en biomarqueur mais qui a diminué de plus de 25% entre les deux visites ont un risque de décès toutes causes diminué de 41%.

Sur la base de ces résultats, les auteurs estiment que "l'évaluation en série du NT-proBNP peut servir de marqueur d'évaluation efficace du risque d'insuffisance cardiaque".

"Les patients dont les taux [en NT-proBNP] restent élevés peuvent avoir besoin d'interventions thérapeutiques plus agressives pour traiter les facteurs de risque traditionnels des maladies cardiovasculaires, afin de réduire la probabilité d'évolution vers l'insuffisance cardiaque clinique", ajoutent-ils.

La réduction de la mortalité associée à une réduction significative du NT-proBNP au fil du temps "suggère que la modification des facteurs de risque conduisant à une diminution du NT-proBNP peut être efficace pour améliorer la survie" des patients à risque d'insuffisance cardiaque.

Enfin, par rapport aux facteurs de risque d'insuffisance cardiaque, les auteurs notent qu'une augmentation dans la concentration en NT-proBNP est significativement associée à une augmentation de la pression artérielle systolique et à une diminution de la concentration en LDL-cholestérol, du niveau en triglycéride, de l'indice de masse corporelle (IMC) et du débit de filtration glomérulaire (DFG).

(JAMA Cardiology, publication en ligne du 8 février)

Source: APMnews

Dépêche précédente

Un risque d'évènements cardiovasculaires plus élevé après une hospitalisation pour sepsis

Dépêche suivante

Plus que la quantité totale de sucres, les "sucres libres" sont associés au risque cardiovasculaire

0 commentaire — Identifiez-vous pour laisser un commentaire