Plus que la quantité totale de sucres, les "sucres libres" sont associés au risque cardiovasculaire

LONDRES, 14 février 2023 (APMnews) - La consommation de "sucres libres" -sucres ajoutés, miel et jus de fruits- est positivement associée à une augmentation du risque cardiovasculaire et leur remplacement par des sucres naturels non industriellement transformés permettrait de réduire ce risque, conclut une étude britannique publiée mardi dans BMC Medicine.
Des études telles que l'étude française NutriNet-Santé ont déjà mis en évidence de nombreuses associations entre un surrisque cardiovasculaire et la consommation de produits sucrés, édulcorés ou ultratransformés.
Dans cette nouvelle étude, Rebecca Kelly de l'université d'Oxford (Royaume-Uni) et ses collègues montrent que ce n'est pas la quantité de sucres consommés qui entraîne un surrisque cardiovasculaire mais plutôt la qualité et l'origine de ces sucres.
Les auteurs parlent notamment de "sucres libres" pour rassembler tous les sucres ajoutés par les industriels, les cuisiniers et les consommateurs ainsi que le miel, les sirops et les jus de fruits. Ils les opposent aux "sucres non libres" qui sont naturellement présents dans les fruits, légumes et produits laitiers. Ils ont également étudié l'impact des glucides provenant des produits à base de céréales raffinées ou complètes ainsi que celui des fibres.
Leur étude a été réalisée avec plus de 110.000 participants de la UK Biobank, une large étude de cohorte prospective britannique, recrutés entre 2006 et 2010 et qui ont rapporté leurs consommations alimentaires journalières entre deux et cinq fois au cours de cette période. Ceux-ci ne devaient pas présenter initialement de diabète ou de maladie cardiovasculaire.
Les apports en glucides des participants, et plus particulièrement en sucres libres, ont été exprimés en tant que pourcentage de l'apport énergétique journalier global, à l'exception des apports en fibres qui ont été calculés en grammes par jour.
Les participants ont été suivis pendant 9,4 ans en médiane. Sur cette période, environ 4.200 cas de maladies cardiovasculaires -dont 3.100 cas de cardiopathies ischémiques et 1.100 accidents vasculaires cérébraux (AVC)- ont été recensés.
Dans le quart des participants consommant le plus de sucres libres, ceux-ci représentaient 17,9% de l'apport énergétique journalier. Dans le quart des plus petits consommateurs, ils ne représentaient que 5,9% de l'apport énergétique journalier.
À apport énergétique journalier constant, une augmentation de 5% de la consommation de sucres libres est significativement associée à une augmentation de 7% du risque de maladies cardiovasculaires avec, en particulier, +6% du risque de cardiopathies ischémiques et +10% d'AVC.
Réduction du risque cardiovasculaire en consommant davantage de fibres
Aucune association significative n'a été constatée entre un surrisque de maladies cardiovasculaires et l'apport total en glucides, sucres ou céréales (qu'elles soient raffinées ou complètes).
En revanche, une augmentation de 5 g/jour dans la consommation en fibres est associée à une réduction du risque de 4% de maladies cardiovasculaires. La consommation en fibres variait entre 11,3 g/jour et 25,3 g/jour pour respectivement le quart des plus petits consommateurs et le quart des plus gros consommateurs.
Les auteurs ont également étudié l'effet de la substitution alimentaire et montrent que, dans l'apport énergétique journalier des participants, le remplacement de cinq points venant de sucres libres par des sucres non libres est significativement associé à une réduction du risque de 5% de maladies cardiovasculaires et notamment de 9% du risque d'AVC.
De même, dans l'apport énergétique journalier des participants, le remplacement de cinq points provenant de produits à base de céréales raffinées par des produits à base de céréales complètes est associé à une réduction significative de 6% du risque total de maladies cardiovasculaires et, en particulier, de 6% du risque de cardiopathies ischémiques.
Environ 26.000 participants ont également fourni des échantillons de plasma sanguin afin d'analyser leurs contenus en triglycérides. Une augmentation de la consommation de sucres libres est positivement associée à une augmentation de la quantité en triglycérides dans le sang et notamment au sein d'une sous-catégorie de lipoprotéines de très faible densité (VLDL) caractérisées par un diamètre "très large" voire "extrêmement large".
Les auteurs expliquent que cette association, qui pourrait expliquer les surrisques cardiovasculaires constatés, est encore très débattue et nécessite davantage de recherches pour identifier un mécanisme plausible de causalité.
Interrogée par APMnews, Rebecca Kelly a précisé que "des données sur l'incidence du diabète pendant le suivi n’ont pas été incluses dans l'étude". "Par conséquent, [ces] résultats ne sont pas indépendants du diabète et il est possible que le diabète joue un rôle dans l'association entre les sucres libres et les maladies cardiovasculaires."
(BMC Medicine, publication en ligne du 14 février)
Source: APMnews
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