Pas de preuve qu'un score calcique coronaire améliore la prédiction du risque cardiovasculaire (méta-analyse)

Publié le jeudi 28 avril 2022
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APM news

WASHINGTON, 26 avril 2022 (APMnews) - Il n'y a actuellement pas de preuve qu'un score calcique coronaire, déterminé après un scanner thoracique, permette d'améliorer la prédiction du risque cardiovasculaire et il n'y a donc pas d'intérêt à l'utiliser en routine, estiment les auteurs d'une méta-analyse publiée par le JAMA Internal Medicine.

La présence de calcifications dans les artères coronaires est associée à l'athérosclérose et il a été suggéré que cette mesure améliorerait la détermination du pronostic. Le scanner cardiaque réalisé dans ce but est de plus en plus pratiqué, rappellent Katy Bell de l'université de Sydney et ses collègues.

Pourtant, les études sur l'intérêt d'ajouter le score calcique coronaire à un score pronostique basé sur les facteurs de risque cardiovasculaire classiques n'ont pas donné de résultat concordant sur la possibilité d'améliorer le niveau de risque, et il n'y a aucune étude publiée sur la possibilité de diminuer la probabilité de survenue d'un événement cardiovasculaire. De ce fait, les recommandations officielles sont soit négatives, soit très prudentes.

En attendant des essais en cours, les chercheurs australiens ont voulu actualiser l'analyse des données disponibles. Ils ont conduit une méta-analyse de six cohortes qui avaient évalué l'intérêt du score calcique coronaire, en plus des facteurs de risque habituels, pour reclassifier les patients.

Ces six cohortes de différents pays incluaient 17.961 patients, qui ont eu 1.043 événements cardiovasculaires.

Selon les études, entre 2,2% et 11,1% des patients classifiés initialement en "bas risque" ont été reclassifiés en risques intermédiaire ou élevé après utilisation du score calcique. Dans le sens inverse, entre 1,1% et 12,2% initialement classifiés en "risque intermédiaire" ou "haut risque" ont été reclassifiés en "bas risque".

L'effet de l'addition du score calcique s'est avéré très modeste. Parmi les patients reclassifiés du bas risque vers un risque intermédiaire ou élevé, seulement 3,6% à 14,5% (selon les études) ont eu un événement cardiovasculaire. La grande majorité des reclassifiés vers le haut n'ont donc pas eu d'événement et auraient dû rester dans le groupe "bas risque".

Parmi les patients initialement à risque intermédiaire ou haut qui ont été reclassifiés en bas risque, entre 0,8% et 8,6% ont eu un événement durant le suivi. Ainsi, si dans certaines études cette reclassification vers le bas était fiable, dans d'autres elle l'était moins et des patients risquaient de ne plus être considérés comme à risque alors qu'ils l'étaient.

Ainsi, si l'utilisation du score calcique coronaire "ajoute un peu de discrimination par rapport aux risques cardiovasculaires traditionnels", le gain est "modeste" et "nécessiterait d'être mis en balance avec les coûts [du scanner thoracique] et les risques associés à l'irradiation" lors de cet examen, commentent les auteurs.

Le fait que la majorité des personnes reclassifiées vers le haut n'aient tout de même pas eu d'événement cardiovasculaire "suggère que l'utilisation du score calcique confère un risque d'effet délétère, via un diagnostic inapproprié" entraînant "des traitements et des examens non nécessaires".

Or, cela pourrait concerner un grand nombre de personnes, si l'on considère selon une étude que 42% des personnes sans maladie coronaire connue ont en réalité une maladie subclinique… mais qui est non obstructive et sans risque dans 88% des cas. Il y a donc un "large potentiel de surdiagnostic".

Ils estiment néanmoins que le score calcique coronaire "pourrait avoir un rôle pour affiner l'évaluation du risque chez des patients sélectionnés", par exemple ceux pour lesquels il y aurait un intérêt à préciser s'ils sont ou non à haut risque pouvant nécessiter un traitement préventif. Mais l'identification de ces patients et le bénéfice qu'ils en tireraient restent tout de même incertains.

De ce fait, "actuellement, il n'y a pas de preuve suggérant qu'ajouter le score calcique coronaire aux scores de risque traditionnels apporte un bénéfice clinique", concluent-ils. Un opinion partagée par les auteurs d'un éditorial.

Source: APMnews

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