Les enfants opérés d'une cardiopathie congénitale ont un risque 12 fois plus élevé d'hypertension

Publié le mardi 13 avril 2021
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APM news

WASHINGTON, 9 avril 2021 (APMnews) - Les enfants opérés d'une cardiopathie congénitale ont un risque 12 fois plus élevé de faire de l'hypertension, ce risque augmentant aussi en fonction du type de malformation cardiaque et de la complexité de la chirurgie réalisée, selon une étude publiée dans JAMA Pediatrics.

Aux Etats-Unis, 2,4 millions d'enfants naissent avec une cardiopathie congénitale et environ 1 sur 4 a besoin d'une chirurgie cardiaque.

Les progrès dans le diagnostic et les traitements de cardiopathies congénitales ont conduit à une amélioration des taux de survie et de la qualité de vie des enfants après une chirurgie. Toutefois, quelques études ont suggéré des changements pathologiques du système cardiovasculaire et des reins et le développement d'une hypertension après ce type d'intervention.

Le risque d'hypertension à long terme chez les enfants après une chirurgie cardiaque n'est pas encore clairement établi.

Jason Greenberg de l'université Yale à New Haven (Connecticut) et ses collègues américains et canadiens ont évalué l'incidence de l'hypertension après une chirurgie cardiaque chez les enfants atteints d'une cardiopathie congénitale.

Pour ce faire, ils ont réalisé une étude rétrospective multicentrique de cohortes appariées à l'aide de bases de données administratives canadiennes (dossier patient, assurance maladie de l'Ontario, registres médicaux). Au total, 3.600 enfants ayant eu une chirurgie pour soigner une cardiopathie congénitale ont été comparés à 36.000 autres d'âge, sexe et milieu de vie similaires n'ayant pas de pathologie congénitale cardiaque. Agés de 0,4 mois en médiane au départ, ils ont été suivis sur 9,8 ans après la chirurgie. Le critère principal des auteurs était la date du premier diagnostic d'hypertension.

L'incidence de l'hypertension à long terme était 12 fois plus élevée chez les enfants ayant subi une opération par rapport aux enfants du groupe contrôle. Plus précisément, au cours du suivi, 445 (12,4%) enfants ayant subi une réparation chirurgicale ont développé une hypertension, contre 398 (1,1%) dans le groupe témoin apparié.

Le taux d'incidence de l'hypertension chez les enfants opérés était de 141,3 pour 10.000 personnes-années contre 11,1 pour le groupe témoin.

Le risque d'hypertension était plus élevé chez les enfants opérés entre leur naissance et le 150e jour de vie par rapport à ceux qui ont été opérés après. Le taux d'incidence était élevé (195,4 pour 10.000 personnes-années) pour le sous-groupe opéré avant l'âge de 3 mois.

Enfin, au cours du suivi, 35% des enfants atteints du syndrome d'hypoplasie du coeur gauche ont développé une hypertension. Le risque était aussi plus élevé chez les patients atteints du ventricule droit à double issue, d'une coarctation de l'aorte et d'une atrésie de l'artère pulmonaire.

Il a aussi augmenté chez les enfants ayant subi une chirurgie plus complexe, comme celle de la valve mitrale, la réparation de la crosse aortique ou la procédure de Norwood par rapport à d'autres chirurgies telles que la réparation de la communication interauriculaire ou de la tétralogie de Fallot, la transposition des gros vaisseaux ou la procédure Fontan. Par ailleurs, les enfants ayant subi plus d'une chirurgie cardiaque au cours de la première année de suivi présentaient un risque d'hypertension 3 fois plus élevé que ceux n'ayant eu qu'une seule opération.

Les chercheurs soulignent qu'il s'agit "de la première étude avec un suivi à long terme pour décrire le risque d'hypertension dans une grande cohorte d'enfants ayant subi une chirurgie cardiaque".

Ce résultat "est un signal important car l'hypertension peut être un signe précurseur de maladies cardiovasculaires à l'âge adulte", ajoutent-ils.

"Nos résultats fournissent des données pour améliorer les recommandations de surveillance de la pression artérielle et du suivi des enfants après une chirurgie cardiaque", comme détecter et traiter plus précocement cette population vulnérable, proposent-ils.

Ils estiment leurs résultats "cohérents" avec d'autres études menées sur le risque d'hypertension après une réparation de malformations cardiaques congénitales chez les nouveau-nés mais considèrent que d'autres études sur de grandes cohortes devraient se pencher sur les mécanismes sous-jacents de l'hypertension.

Parmi les hypothèses avancées par les chercheurs, la persistance plusieurs années après l'opération de taux élevés de peptide natriurétique auriculaire de type B (BNP) et de noradrénaline, ainsi qu'un système rénine-angiotensine mal régulé.

Source: APMnews

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