Les antihypertenseurs réduisent le risque d'événements cardiovasculaires aussi chez les personnes normotendues (méta-analyse)

LONDRES, 30 avril 2021 (APMnews) - Les antihypertenseurs réduisent le risque d'évènements cardiovasculaires majeurs que les patients aient ou non un antécédent de maladie cardiovasculaire et même à des valeurs de pression artérielle normales, des résultats qui offrent de nouvelles pistes sur la prévention des maladies cardiovasculaires, selon une méta-analyse publiée dans The Lancet.
Actuellement, la prescription d'antihypertenseurs dépend de la pression artérielle et des antécédents du patient et notamment des maladies cardiovasculaires. Cependant, des incertitudes perdurent sur les effets des antihypertenseurs chez des personnes ayant une pression artérielle normale ou légèrement élevée, avec ou sans antécédent de maladies cardiovasculaires.
Pour en savoir plus, Kazem Rahimi de l'université d'Oxford et ses collègues ont étudié les effets d'un traitement antihypertenseur sur le risque d'événements cardiovasculaires en fonction de plusieurs niveaux de pression artérielle systolique.
Pour ce faire, il a réalisé une méta-analyse de 48 essais randomisés de pharmacologie comprenant 344.716 participants. Ces études comparaient l'efficacité d'antihypertenseurs par rapport à d'autres classes de médicaments ou un placebo.
Les participants ont d'abord été divisés en deux groupes: ceux avec un diagnostic antérieur de maladie cardiovasculaire (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde ou cardiopathie ischémique). Chaque groupe a ensuite été divisé en 7 sous-groupes en fonction de la pression artérielle systolique au début de l'étude (<120, 120-129, 130-139, 140-149, 150-159, 160-169 et au-dessus de 170 mmHg). La pression artérielle moyenne à l'entrée de l'étude était de 146-84 mmHg chez les patients avec une maladie cardiovasculaire et 157-89 mmHg chez les patients sans maladie cardiovasculaire antérieure.
Environ 20% des participants ayant des antécédents de maladies cardiovasculaires et 8% de ceux qui n'avaient jamais eu de maladies cardiovasculaires avaient une pression artérielle systolique inférieure à 130 mmHg.
Le critère de jugement principal était un événement cardiovasculaire majeur (défini comme un AVC ou un infarctus du myocarde mortel ou non mortel, une cardiopathie ischémique, ou une insuffisance cardiaque entraînant la mort ou nécessitant une hospitalisation).
Après un suivi de 4 ans en moyenne, 12,3% des participants avaient déclaré un évènement cardiovasculaire dont une maladie ischémique cardiaque (5,6%), un AVC (4%) ou une insuffisance cardiaque (2%). Près de 8,5% des participants sont décédés, dont 3,4% à cause d'une maladie cardiovasculaire.
L'analyse des données montre que le bénéfice des antihypertenseurs, en termes de baisse du risque relatif, est similaire que les personnes aient ou non un antécédent cardiovasculaire. Il est également similaire dans toutes les sous-catégories de pression artérielle systolique, y compris chez les personnes ayant une pression artérielle considérée comme normale.
Concernant le sous-groupe de participants n'ayant pas d'antécédent de maladies cardiovasculaires et étant sous antihypertenseurs lors de la randomisation, le taux d'incidence d'un évènement cardiovasculaire majeur était 26 pour 1.000 personnes-années, contre 32 pour 1.000 personnes-années dans le groupe contrôle. Dans le sous-groupe des participants qui avaient un antécédent de maladies cardiovasculaires et sous antihypertenseurs, le taux d'incidence d'un évènement cardiovasculaire majeur était de 36 pour 1.000 personnes-années, contre 40 pour 1.000 personnes-années chez les contrôles.
Les chercheurs ont calculé que sur une moyenne de 4 ans de suivi, chaque baisse de la pression systolique de 5 mmHg était associée à une diminution du risque d'évènements cardiovasculaires majeurs de l'ordre de 10%.
Plus précisément, si l'on regarde séparément chaque pathologie, la baisse de la pression artérielle systolique a réduit le risque d'AVC (de 13%), d'insuffisance cardiaque (de 13%), de maladie ischémique cardiaque (de 8%) et le risque de décès par maladie cardiovasculaire (de 5%), dans tous les groupes de pression artérielle systolique, avec ou sans maladie cardiovasculaire.
"Ces résultats suggèrent que les hypertenseurs sont également efficaces pour la prévention primaire et secondaire des maladies cardiovasculaires, même à des niveaux de pression artérielle actuellement non envisagés pour le traitement", commentent les auteurs.
Cette étude appelle à "une révision des recommandations cliniques qui limitent principalement le traitement antihypertenseur aux personnes dont la pression artérielle est élevée".
"Ces nouvelles preuves nous indiquent que la décision de prescrire des antihypertenseurs ne doit pas être simplement fondée sur un diagnostic préalable de maladie cardiovasculaire ou sur la valeur de la pression artérielle d’un individu. Les antihypertenseurs devraient être considérés comme un outil efficace pour prévenir les maladies cardiovasculaires chez les personnes ayant un risque élevé de développer une maladie cardiaque ou un accident vasculaire cérébral", souligne dans un communiqué du Lancet le Pr Kazem Rahimi.
Source: APMnews
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