Lancement prochain d'une étude sur une nouvelle technique plus sûre et plus rapide d'ablation de la fibrillation atriale

Publié le jeudi 30 septembre 2021
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BORDEAUX, 24 septembre 2021 (APMnews) - L'institut hospitalo-universitaire (IHU) Liryc s'apprête à lancer un essai clinique pour évaluer une nouvelle technique d'ablation de la fibrillation atriale (FA), par électroporation, dont on espère qu'elle sera plus sûre, plus efficace et plus rapide que les techniques actuelles, a-t-on appris en début de semaine.

L'IHU a organisé une conférence de presse à l'occasion d'une nouvelle campagne de levée de fonds, lancée lors de la journée mondiale du coeur du 29 septembre.

Cet essai nommé BEAT-AF (en réalité deux essais, l'un sur la FA paroxystique et l'autre, un essai pilote, sur la FA permanente) est mené dans 9 centres européens au total, en collaboration avec la société américaine Farapulse qui a développé cette technologie. Le projet bénéficie d'un financement européen de 6 millions d'euros dans le cadre du programme Horizon 2020.

Dans le dossier de presse de l'IHU, il est indiqué que "depuis mars", des patients sont traités par ablation de la FA avec cette technique d'électroporation. Néanmoins, la confirmation d'avantages par rapport aux techniques actuelles d'ablation nécessite des essais randomisés.

Lors de la conférence de presse, le Pr Pierre Jaïs, directeur général de Liryc, a rappelé que le traitement de la FA par ablation par cathéter consistant à isoler les veines pulmonaires, afin d'exclure les sources d'arythmie, a été mis au point à Bordeaux par l'équipe du Pr Michel Haïssaguerre. Celui-ci est à l'origine de la création de l'IHU et en est désormais président d'honneur.

Il y a en Europe 11 millions de personnes souffrant de fibrillation atriale, dont "probablement 5 à 6 millions" seraient candidates à une ablation", selon Pierre Jaïs. Mais en pratique, seulement "un demi-million sont traités chaque année" par ablation.

La raison est notamment que les techniques actuelles (par radiofréquence ou cryothérapie) sont des procédures complexes et longues, et pratiquées par un nombre limité de cardiologues.

L'ablation par électroporation peut être réalisée en "une heure, une heure et demie", au lieu de plusieurs heures avec les autres techniques.

De plus, alors qu'actuellement, chez 20 à 30 % des patients la FA récidive, conduisant à des réinterventions, il y a également un espoir de réduire ce taux de récidive.

La technique d'ablation par électroporation consiste à produire des microchocs électriques de haut voltage, en quelques secondes, pour ouvrir des pores à l'échelle nanométrique dans les membranes des cellules cardiaques ciblées, ce qui entraîne leur destruction.

Autre avantage de cette technique : "il n'y a aucun dommage pour les tissus collatéraux non cardiaques, alors qu'avec les techniques actuelles il y a un risque rare mais grave de complications touchant les tissus voisins, principalement l'oesophage et le nerf phrénique", a souligné Pierre Jaïs.

Afin de démontrer sa supériorité, l'ablation par électroporation sera évaluée dans une étude sur près de 300 patients dans la fibrillation atriale paroxystique, où elle sera comparée à l'ablation par radiofréquence.

La seconde étude inclura 78 patients souffrant de FA persistante. "C'est une étude exploratoire", avant d'envisager une étude de plus grande envergure, a-t-il indiqué.

Ces études doivent commencer début 2022 et devraient donner des résultats "mi ou fin 2024".

Vers un autofinancement à terme

Au-delà du lancement de ces études, lors de la conférence de presse, le Dr Mélèze Hocini, directrice générale adjointe de Liryc, a indiqué que "l'ambition de l'institut est de faire de la région un vivier de la recherche mondiale en cardiologie". L'IHU veut s'orienter encore plus qu'actuellement vers la "recherche translationnelle" - dont elle souligne qu'il s'agit souvent de "translationnel inversé": on part de la clinique pour poser des questions aux chercheurs et trouver des solutions, avant de revenir aux patients.

Outre la FA, les axes de recherche de l'IHU visent à "prévenir la mort subite cardiaque par l'identification des facteurs de risques individuels et la conception d'outils de dépistage non invasifs" et "améliorer les traitements de l'insuffisance cardiaque en comprenant mieux les mécanismes de développement et les facteurs permettant d'anticiper l'évolution de la maladie."

Dans un objectif de "développement de nouvelles solutions thérapeutiques", l'IHU se dote d'une plateforme de bio-ingénierie cardiaque "pour le développement in situ de prototypes", en faire la preuve du concept avant de les proposer à des industriels.

Trois start-up ont été créées par spin off à partir de l'IHU: inHEART, OP2 Drugs et Certis Therapeutics. "L'institut ambitionne de créer une start-up chaque année." L'IHU a également de nombreuses autres collaborations avec des industriels.

Comme les autres IHU, alors qu'il reçoit des financements de l'Etat (en diminution par rapport aux premières années), l'objectif qui lui est assigné est d'arriver à un autofinancement à l'horizon 2025.

Un autofinancement qui passe par les développements commerciaux des projets de l'IHU, des collaborations avec des industriels, mais aussi par des levées de fonds. L'objectif affiché est de collecter 10 millions d'euros sur la période 2020-2024; 5 millions ont déjà été récoltés et la nouvelle levée de fonds a pour but de réunir 5 millions supplémentaires.

Source: APMnews

Tags:  Rythmologie Rythmologie

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