La stimulation cérébrale profonde bénéfique dans un cas d'hypertension sévère ultra-résistante
WASHINGTON, 6 mars 2017 (APMnews) - Le recours à la stimulation cérébrale profonde chronique a permis de réduire la pression artérielle chez une patiente atteinte d'hypertension artérielle (HTA) sévère réfractaire à un traitement médicamenteux agressif, à la dénervation rénale et à la stimulation des barorécepteurs, rapportent des chercheurs britanniques et américains dans Hypertension.
Les chercheurs britanniques, basés à Bristol, avaient rapporté en 2011, dans la revue Neurology, une normalisation de la pression artérielle chez un patient hypertendu, après la mise en oeuvre d'une stimulation cérébrale profonde, initialement prévue pour soulager sa douleur neuropathique chronique. Tous ses médicaments anti-hypertenseurs avaient pu être arrêtés après la mise en place du dispositif.
Cinq ans après, le patient restait normotendu, sous stimulation cérébrale profonde chronique, avec un seul médicament anti-hypertenseur, le périndopril, soulignent Erin O'Callaghan de l'université de Bristol et ses collègues.
Ils rapportent un nouveau recours à cette technique ciblant cette fois spécifiquement le traitement d'une HTA sévère réfractaire.
La patiente, initialement suivie en Allemagne, âgée de 54 ans, présentait une pression artérielle supérieure à 300/170 mmHg, malgré la prise de 8 médicaments anti-hypertenseurs et un traitement chronique d'activation des barorécepteurs (Rheos*, CVRx), ainsi que la réalisation d'une procédure de dénervation rénale (Symplicity*, Medtronic). La patiente était également polymédicamentée par ailleurs, recevant 12 médicaments en traitement d'un angor, d'une douleur neuropathique chronique, d'une épilepsie, d'allergies, d'une hypercholestérolémie, ainsi que des suppléments vitaminiques.
Ménopausée, elle avait mené 4 grossesses sans complications obstétricales ni pré-éclampsie. Son HTA s'est développée avant le début de la ménopause.
Les chercheurs ont considéré qu'elle souffrait manifestement d'une HTA essentielle sévère résistante, qui est souvent associée à et provoquée par une suractivité du nerf sympathique, justifiant le recours à la stimulation cérébrale profonde visant à inhiber la voie sympathique afin de diminuer la pression artérielle.
Comme chez le premier patient, ils ont implanté une électrode octopolaire dans la substance grise périaqueducale ventrale -région du cerveau qui contrôle l'analgésie, la bradycardie, l'hypotension et l'hypoventilation, chez l'animal.
Dès 24 heures après l'implantation, alors que la stimulation n'était pas activée, la pression systolique de la patiente est descendue en dessous de 160 mmHg, pour remonter ensuite -un effet probablement lié à l'électrode, notent les auteurs.
La stimulation a été activée 4 jours après l'implantation. Une semaine après l'intervention, la pression artérielle était descendue à 170/109 mmHg en journée et à 119/77 mmHg la nuit, mais la patiente souffrait de léthargie débilitante. Tous ses médicaments anti-hypertenseurs ont alors été arrêtés, excepté la clonidine, même si sa pression artérielle était supérieure au seuil de 140/90 mmHg. La léthargie s'est alors améliorée. Elle est sortie de l'hôpital avec une stimulation cérébrale profonde chronique à basse fréquence.
Trois semaines après le début de la stimulation, la pression artérielle était de 171/109 mmHg en ambulatoire pendant la journée. Après six mois, elle était de 218/149 mmHg le jour, et de 162/110 mmHg la nuit, mesurée en ambulatoire.
Deux ans après, toujours sous stimulation cérébrale profonde et stimulation des barorécepteurs, avec uniquement du métoprolol pour contrôler sa fréquence cardiaque, sa pression sanguine le jour se maintenait à 230/150 mmHg en ambulatoire sur 24 heures.
"Cela représente une amélioration significative de la pression artérielle si l'on considère que [avant la mise en place de la stimulation cérébrale profonde] elle était souvent plus élevée que ce que pouvait mesurer un tensiomètre automatique avec brassard (message d'erreur à partir et au-dessus de 299 mmHg de pression systolique), et qu'elle parvient désormais à obtenir 40% de mesures de pression artérielle lisibles au cours des mesures en ambulatoire sur 24 heures (qui génèrent un message d'erreur à partir de 240/150 mmHg)", soulignent les auteurs.
La patiente rapporte qu'elle se sent mieux en termes de santé générale depuis la stimulation cérébrale profonde. Sa douleur neuropathique chronique n'a en revanche pas été améliorée, mais la dose de morphine a pu être réduite de deux tiers.
"Nous proposons que le traitement par stimulation cérébrale profonde puisse être systématiquement évalué chez les patients ayant une hypertension réfractaire de grade III ne répondant pas aux traitements médicamenteux existants ni aux dispositifs thérapeutiques", concluent les auteurs.
"Bien que la patiente ne soit pas normotendue au sens des recommandations cliniques, ce traitement représente une amélioration valable pour la santé de la patiente, et une réduction significative des traitements anti-hypertenseurs et du risque cardiovasculaire", ajoutent-ils.
(Hypertension, publication en ligne du 27 février)
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