La noradrénaline utilisée chez la majorité des patients de chirurgie cardiaque, avec plus de complications postopératoires

LONDRES, 14 février 2023 (APMnews) - PARIS, 22 février 2023 (APMnews) - Plus de six patients de chirurgie cardiaque sur 10 reçoivent de la noradrénaline, destinée à l'optimisation hémodynamique, au cours de l'intervention, mais ils présentent en postopératoire davantage de complications, selon une étude observationnelle française publiée dans Anaesthesia Critical Care & Pain Medicine.
Le concept d'optimisation hémodynamique chez les patients chirurgicaux à haut risque a évolué au cours des dernières années vers une prise en charge plus active visant à réduire le risque de complications. Les patients sont ainsi plus souvent traités par des vasopresseurs pour atteindre des objectifs hémodynamiques plus stricts, rappellent Pierre-Grégoire Guinot du CHU de Dijon et ses collègues.
Un consensus d'experts a recommandé fortement, en 2021, l'utilisation de la noradrénaline en première ligne de traitement vasopresseur en chirurgie cardiaque. Pour autant, l'utilisation de la noradrénaline en chirurgie cardiaque, les facteurs associés et l'incidence des complications n'ont pas été spécifiquement étudiés, soulignent-ils.
Il s'agit de la première étude analysant le recours à la noradrénaline d'un point de vue épidémiologique dans une large cohorte prospective multicentrique de patients de chirurgie cardiaque, en dehors du contexte de choc hémorragique. L'étude a été menée dans les services d'anesthésie et de réanimation de chirurgie cardiaque de quatre hôpitaux universitaires entre 2017 et 2021 et a porté sur les patients de chirurgie cardiaque sous circulation extracorporelle (CEC) en excluant les ECMO (assistance circulatoire avec oxygénation par membrane extracorporelle), les implantations de dispositif d'assistance ventriculaire, les greffes cardiaques et les hémorragies intra-opératoires.
Au total, 2.862 patients ont été inclus et 2.510 analysés. Parmi eux, 61% ont reçu la noradrénaline, à une dose maximale médiane de 0,11 µg/kg/min, sur une durée médiane de 10 heures. Elle a été le plus souvent initiée au bloc opératoire, avant la mise en place de la CEC.
Une quinzaine de facteurs associés à l'utilisation de la noradrénaline ont été identifiés, modifiables et non modifiables, comme l'hématocrite, le maintien du traitement bêta-bloquant, l'âge, l'hypertension chronique, etc.
Après appariement en fonction d'un score de propension entre patients traités et non traités par noradrénaline, l'utilisation de la noradrénaline était associée à une moins bonne évolution postopératoire, avec significativement plus d'évènements indésirables majeurs rénaux et cérébraux (22% contre 12%), une mortalité significativement plus élevée (3% contre 0,5%) et une durée de séjour en réanimation significativement plus longue (3 jours contre 2).
La prévalence de l'utilisation de la noradrénaline chez les patients de chirurgie cardiaque est donc élevée, souvent pour une courte durée et à faible dose, résument les auteurs. Plusieurs facteurs pré-opératoires et chirurgicaux sont associés à cette utilisation, et les patients traités par noradrénaline ont davantage de complications postopératoires majeures, mais aucun lien de causalité ne peut être établi avec cette étude observationnelle, soulignent-ils.
(Anaesthesia Critical Care & Pain Medicine, publication en ligne du 8 février)
Source: APMnews
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