L'exposition aux composés organochlorés associée à un risque cardiovasculaire accru

Les composés organochlorés persistants, incluant les pesticides organochlorés, les dioxines et les polychlorobiphényles (PCB), sont des composés chimiques synthétiques toxiques. Ils sont liposolubles et s'accumulent dans les tissus gras de l'organisme. Malgré leur régulation et la législation, ils restent très présents dans l'environnement et contaminent toute la chaîne alimentaire. L'homme y est principalement exposé via la consommation de produits gras d'origine animale, comme le poisson.

Les effets toxiques de l'exposition aiguë à ces composés sur le système cardiovasculaire ont été bien documentés. Mais les effets d'une exposition faible et continue dans la population générale n'ont pas été étudiés.

Carolina Donat Vargas du Karolinska Institutet à Stockholm (Suède) et ses collègues ont souhaité évaluer l'association entre l'exposition combinée à différents composants organochlorés, incluant les pesticides organochlorés et les PCB, et l'incidence des maladies cardiovasculaires dans la population générale.

En utilisant les données de deux cohortes, la Swedish Mammography Cohort-Clinical (SMC-C) et la Cohort of 60-Year-Olds (60YO), ils ont mené une étude prospective cas-contrôles. Au total, 1.528 participants (67% de femmes) ont été inclus: 345 patients avaient présenté un infarctus du myocarde et 354 un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique, appariés à 829 sujets contrôles.

Chez l'ensemble des participants, les concentrations sanguines en 25 composés organochlorés seuls ou combinés, dont 12 PCB et six pesticides organochlorés ou leurs métabolites, ont été évaluées à l'inclusion dans leur cohorte respective. Pour sept composés, plus de 75% des échantillons se situaient en dessous des seuils de détection et ont donc été exclus de l'analyse.

Ils ont comparé le risque de développer une maladie cardiovasculaire selon les quartiles d'exposition (estimée par les concentrations sanguines) aux pesticides, PCB (seuls ou combinés) ou du mélange total.

L'exposition au mélange de pesticides organochlorés la plus élevée (quartile 4) était ainsi associée à un risque accru de 60% de développer une maladie cardiovasculaire (infarctus du myocarde ou AVC ischémique), en comparaison de l'exposition la plus faible (quartile 1) (odds ratio, OR, de 1,60). Plus précisément, le risque d'infarctus du myocarde était augmenté de 95% et celui d'AVC ischémique de 55%. Après ajustement sur différents facteurs de risque (lipidémie, hypertension et diabète), les odds ratio étaient légèrement atténués mais restaient significatifs.

Quand les pesticides organochlorés étaient étudiés individuellement, le risque de maladie cardiovasculaire était aussi accru, avec des OR allant de 1,17 pour le HCB à 1,54 pour le β-HCH.

En revanche, l'association entre les PCB et les maladies cardiovasculaires n'était pas statistiquement significative, quel que soit le niveau d'exposition.

Enfin, le mélange global des composés organochlorés était également associé à une hausse du risque cardiovasculaire: le risque grimpait de 71% pour chaque augmentation d'un quartile d'exposition (OR de 1,71), et de 61% après ajustement sur les facteurs de confusion potentiels. Deux pesticides, le β-HCH et le trans-nonachlor, contribuent le plus fortement à cet effet.

Les chercheurs concluent que, dans cette étude prospective, les participants les plus exposés aux organochlorés présentent un risque accru d'évènement cardiovasculaire.

Ils ajoutent que ces résultats montrent les effets délétères de l'exposition alimentaire aux polluants chimiques dans la construction des maladies cardiovasculaires et appellent à réduire l'exposition à ces composés. Des études complémentaires seront nécessaires pour confirmer ces résultats et les généraliser.

(JAMA Network Open, publication en ligne du 12 septembre)

Source: APMnews