L'anti-PCSK9 alirocumab confirme son effet hypolipémiant chez les diabétiques

Mis à jour le mercredi 9 août 2017

SAN DIEGO, 12 juin 2017 (APMnews) - L'anticorps monoclonal anti-PCSK9 alirocumab (Praluent*, Sanofi/Regeneron) a confirmé sa capacité à diminuer significativement la cholestérolémie chez les patients diabétiques, dans 2 études randomisées présentées dimanche lors d'une session dédiée à ces études au congrès de l'American Diabetes Association (ADA) à San Diego.

(Par François BOISSIER, au congrès de l'ADA)

L'alirocumab est évalué dans un vaste programme d'essais cliniques nommé ODYSSEY. Dans les multiples études déjà conduites avec l'anticorps dans des populations de patients dyslipidémiques, les diabétiques étaient présents : ils représentaient environ 30% des patients inclus. Et d'ores et déjà des analyses poolées ont montré que les baisses importantes de LDL-cholestérol obtenues avec cet agent étaient similaires chez les diabétiques et les non-diabétiques.

Mais il n'y avait pas eu d'étude spécifiquement centrée sur cette population dont le risque cardiovasculaire est élevé, a souligné Dirk Müller-Wieland de l'hôpital d'Aix-la-Chapelle (Allemagne).

C'est pourquoi 2 études ont été conduites, l'une évaluant l'alirocumab contre placebo chez des diabétiques traités par insuline, l'autre l'évaluant face à une prise en charge usuelle chez des diabétiques de type 2 présentant une dyslipidémie mixte.

L'étude ODYSSEY DM-INSULIN a inclus 517 patients sous insuline, dont 441 diabétiques de type 2 et 76 de type 1. Les résultats des seuls diabétiques de type 2 ont été présentés dimanche, par Lawrence Leiter du St Michael's Hospital à Toronto (Canada). Cette étude comparait l'alirocumab à un placebo durant 24 semaines.

Il s'agissait de patients traités majoritairement par une statine à dose modérée à élevée, ou dans une minorité de cas par un autre hypolipémiant. Ils étaient 40% à déjà avoir une maladie cardiovasculaire, les autres ayant des facteurs de risque. Tous étaient sous insuline et la majorité sous antidiabétique oral, principalement la metformine.

L'alirocumab a diminué le LDL-cholestérol de 8,2%, alors qu'il y avait une hausse de 0,8% dans le groupe placebo.

En conséquence, la proportion de patients dont le taux de LDL-C était inférieur à 0,7 g/l était de 76,4% avec l'alirocumab, contre 7,4% chez les contrôles.

L'anti-PCSK9 n'a eu aucune influence sur le diabète lui-même : le taux d'hémoglobine glyquée (HbA1c) n'était pas modifié, de même que la glycémie à jeun. Il n'y a pas eu de modification de la dose d'insuline. Par ailleurs, les risques d'hypoglycémie et d'effets indésirables étaient similaires dans les 2 groupes.

ODYSSEY DM-DYSLIPIDEMIA a été présentée par Robert Henry du centre de traitement des vétérans de San Diego. Cette étude a inclus 413 patients, dont un tiers présentaient déjà une maladie cardiovasculaire, 80% étaient sous statine et les autres ne prenaient pas d'hypolipémiant.

"La dyslipidémie mixte est fréquente chez les personnes atteintes de diabète de type 2 et majore leur risque cardiovasculaire. Elle reste difficile à traiter au moyen des médicaments actuellement disponibles", a souligné le chercheur.

De façon inhabituelle, le critère principal de l'étude n'était pas la baisse du LDL-cholestérol mais celle du cholestérol non-HDL. Une définition plus large que les LDL car elle inclut aussi les particules VLDL. Cela paraît important, particulièrement dans les dyslipidémies mixtes, dans la mesure où chez certains patients, les VLDL peuvent rester élevés alors même que les LDL ont été diminués.

Le taux de cholestérol non-HDL a été réduit de 37,3%, contre une baisse de 4,7% dans le groupe contrôle. La proportion de patients atteignant la cible d'un cholestérol non-HDL inférieur à 1 g/l était de 66,9% avec l'alirocumab et 17,7% chez les contrôles.

Le chercheur a néanmoins donné aussi les résultats sur le LDL-C: la baisse était de 43,3%, contre 0,3% chez les contrôles.

Là non plus, l'anti-PCSK9 n'a eu d'impact ni sur le contrôle de la glycémie ni en termes de modification du traitement antidiabétique.

De façon globale, dans les 2 études, les résultats obtenus sont similaires à ceux issus des analyses poolées de sous-groupes de diabétiques des études antérieures, ont noté les chercheurs.

Ces nouvelles données "plaident donc pour l'utilisation de l'alirocumab chez les patients diabétiques à haut risque cardiovasculaire", a conclu Robert Henry.

Source : APM International

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