Insuffisance cardiaque aiguë : des mesures répétées de ST2 prédisent la mortalité
WASHINGTON, 17 novembre 2017 (APMnews) - Des mesures répétées du biomarqueur sérique ST2 dans l'année qui suit une hospitalisation pour insuffisance cardiaque aiguë ont une valeur pronostique pour prédire la mortalité, de façon indépendante du NT-proBNP, montre une étude néerlandaise publiée dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC).
Le ST2, dans sa forme soluble, est un récepteur qui lie l'interleukine-33 et empêche celle-ci d'exercer un effet cardioprotecteur. En conséquence, un taux élevé de ST2 dans l'insuffisance cardiaque est associé à un moins bon pronostic. Cela a déjà été montré dans d'autres études, mais avec une mesure unique de ST2.
Mais après une insuffisance cardiaque aiguë, l'état des patients évolue et il pourrait être utile de mesurer à plusieurs reprises les biomarqueurs, dont les taux peuvent varier, selon Laura van Vark de l'Erasmus Medical Center de Rotterdam et ses collègues.
Dans l'étude TRIUMPH, ils ont suivi 496 patients ayant été hospitalisés pour une insuffisance cardiaque aiguë durant un an, période où en moyenne 3,9 mesures de ST2 ont été réalisées.
Les chercheurs ont d'abord confirmé que la mesure initiale de ce marqueur avait déjà une certaine valeur pronostique: chaque élévation d'une déviation standard du taux de ST2 augmentait de 30% le risque ultérieur de décès ou réhospitalisation pour insuffisance cardiaque.
Mais les mesures répétées se sont avérées avoir une valeur pronostique plus importante. Chaque augmentation d'une déviation standard entre 2 mesures était associée à une augmentation de 85% du risque, après prise en compte du NT-proBNP et des caractéristiques cliniques.
Et plus encore, pour la mortalité seule, le risque était quadruplé pour chaque augmentation entre 2 mesures. La valeur pronostique était en revanche moindre pour les réhospitalisations.
Les chercheurs ont constaté que l'augmentation du taux de ST2 précédait le risque de décès. Ce qui conforte l'intérêt de mesures régulières.
Ils ont identifié 2 profils de patients. Alors qu'après l'hospitalisation initiale, le taux de ST2 diminuait chez tous les patients, ceux dont le taux est remonté par la suite sont décédés ou ont été réhospitalisés dans 56% des cas.
Au contraire, les patients dont le taux de ST2 n'est pas remonté n'ont pas eu de complication dans 82% des cas.
La mesure répétée du ST2 a donc un intérêt après une insuffisance cardiaque aiguë, et cela indépendamment du NT-proBNP, biomarqueur qui est le pilier du suivi de l'insuffisance cardiaque. Ces 2 marqueurs semblent pouvoir être complémentaires.
L'étape suivante est de conduire des études pour voir si la mesure du ST2 a un intérêt pour guider les décisions de traitement, voire pour choisir quel traitement sera le plus efficace selon les patients, commentent les auteurs.
Dans un éditorial, Antoni Bayes-Genis de l'hôpital Germans Trias i Pujol à Badalona en Espagne et ses collègues estiment que "c'est le moment" de se lancer dans des grandes études évaluant l'intérêt de ST2 comme biomarqueur. Ils soulignent la nécessité de ne pas faire l'erreur faite au début avec le BNP : de multiples études de taille insuffisante avec des critères d'évaluation variables avaient retardé son évaluation.
(JACC, 7 novembre, vol.70, n°19, p2378-2388 & 2389-2392)
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