Infarctus aigu : la colchicine pendant la reperfusion sans bénéfice sur la lésion myocardique

WASHINGTON, 10 septembre 2021 (APMnews) - La colchicine administrée à la phase aiguë d'un infarctus, au moment de la reperfusion, ne réduit pas la taille de l'infarctus, montre une étude randomisée française de phase II, publiée dans Circulation, dans laquelle une augmentation inattendue de l'incidence des thrombus intra-ventriculaires gauches a aussi été observée.
La colchicine administrée à long terme a réduit les évènements ischémiques dans les syndromes coronaires chroniques ou dans le mois suivant un syndrome coronaire aigu, mais l'effet d'une administration à court terme au moment de la reperfusion à la phase aiguë de l'infarctus n'est pas connu. L'idée est alors de cibler la réponse inflammatoire immédiatement après la reperfusion, et non l'inflammation chronique.
Nathan Mewton de l'hôpital cardiovasculaire Louis Pradel (Hospices civils de Lyon) et ses collègues ont étudié 192 patients ayant un infarctus aigu et candidats à une intervention coronaire percutanée primaire, randomisés entre l'administration, dès l'admission et pendant 5 jours, de colchicine orale (dose de charge 2 mg suivie de 0,5 mg deux fois par jour) et d'un placebo.
Après 5 jours, la taille de l'infarctus, évaluée à l'IRM au gadolinium, n'était pas différente entre les deux groupes.
A 3 mois de suivi, il n'y avait pas de différence significative en termes de remodelage du ventricule gauche entre les 2 groupes.
La taille de l'infarctus à 3 mois n'était pas non plus significativement différente.
Aucune différence n'a été constatée sur les évènements cardiovasculaires majeurs à 3 mois.
Mais une augmentation significative du taux de thrombus intra-ventriculaire gauche à 5 jours a été constatée dans le groupe colchicine (22,2% contre 7,4%). A l'IRM de suivi à 3 mois, il n'y avait plus de différence significative entre les 2 groupes concernant le taux de thrombus intra-ventriculaire gauche, qui concernait alors 5,3% des patients du groupe colchicine contre 2,6% du groupe placebo.
Les auteurs expliquent qu'il n'y a pas de preuves d'un effet prothrombotique associé à la colchicine dans la littérature médicale, mais que l'effet de la colchicine sur la fonction plaquettaire semble complexe. Ils avancent plusieurs hypothèses pour expliquer ce résultat, notamment la possibilité d'un rebond pro-inflammatoire à l'arrêt précoce de la colchicine, favorisant une altération plus importante du ventricule gauche et entraînant la formation de thrombus.
Par ailleurs, une plus grande incidence des évènements indésirables gastro-intestinaux a été observée dans le groupe colchicine pendant la durée du traitement (34% contre 11%).
D'autres études explorant le moment d'administration, la pharmacocinétique et la relation dose-réponse de la colchicine et d'autres agents anti-inflammatoires sont nécessaires afin d'identifier une méthode efficace pour réduire la taille de l'infarctus ou limiter le remodelage, concluent les auteurs.
Ils suggèrent en outre d'examiner prospectivement le risque de thrombose dans les futurs essais d'interventions anti-inflammatoires pour l'infarctus aigu.
Source: APMnews
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