Greffe cardiaque : la survie à un an similaire avec donneur en arrêt circulatoire ou en état de mort cérébrale

WASHINGTON, 12 octobre 2023 (APMnews) - Un an après une transplantation cardiaque, le taux de survie est similaire que le greffon ait été prélevé à partir d'un donneur après arrêt circulatoire (type Maastricht III) ou à partir d'un donneur en état de mort cérébrale, selon une étude observationnelle rétrospective monocentrique publiée dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC).
Il s'agit ici de "la plus grande comparaison monocentrique de transplantations cardiaques à partir de donneurs en état de mort circulatoire et de mort cérébrale à ce jour", selon Hasan Siddiqi du département de médecine du Centre médical universitaire Vanderbilt de Nashville dans le Tennessee et ses collègues.
"Au cours des trois dernières années, les transplantations cardiaques à partir de donneurs après arrêt circulatoire ont été de plus en plus pratiquées afin d'élargir le pool de donneurs", soulignent-ils. "L'augmentation du nombre de transplantations cardiaques en cas de mort circulatoire a permis d'augmenter le taux de transplantation et de réduire les délais d'attente pour les candidats inscrits sur la liste." Cependant, les données sur le devenir des patients ayant bénéficié d'une telle greffe restent limitées.
A noter qu'en France, le protocole Maastricht III, qui consiste à prélever les donneurs à la suite d'un décès circulatoire attendu après limitation ou arrêt des thérapeutiques actives, n'est pas encore autorisé pour la transplantation cardiaque.
De précédents travaux ont déjà montré la non-infériorité en matière de survie des patients ayant reçu des greffons issus de donneurs en arrêt circulatoire par rapport à ceux ayant reçu des greffons issus de donneurs en état de mort cérébrale, avec un suivi de six mois.
"Dans le seul essai contrôlé randomisé réalisé à ce jour, les receveurs de greffons après arrêt circulatoire traités à l'aide d'une machine de perfusion ex vivo ne présentaient pas de différence significative sur la survie à six mois par rapport aux receveurs de greffons issus de patients en état de mort cérébrale traités par stockage à froid statique", rappellent les auteurs, citant une étude américaine parue en juin dans le New England Journal of Medicine.
Pas de risque accru de défaillance primaire du greffon
Les 385 patients de 18 ans et plus ayant bénéficié d'une transplantation cardiaque entre janvier 2020 et janvier 2023 au sein du Centre Vanderbilt ont été inclus. Parmi eux, 122 (32%) ont reçu un greffon de donneurs en état de mort circulatoire, dont 83% ont été traités par perfusion régionale normothermique, et 263 (68%) ont reçu un greffon provenant de donneurs en état de mort cérébrale, dont 96% ont été traités par stockage à froid statique. Les résultats cliniques ont été comparés à 6 mois et à 1 an chez les receveurs.
Le suivi médian pour l'ensemble de la cohorte était de 511 jours.
Les résultats concernant la survie à un an (critère principal) n'étaient pas significativement différents entre les deux groupes de patients, avec un taux de 94,3% parmi les receveurs d'un greffon issu de donneurs en arrêt circulatoire et de 92,4% parmi ceux ayant reçu un greffon d'un donneur en état de mort cérébrale.
Aucune différence significative n'a non plus été retrouvée concernant la survie au moment de la sortie de l'hôpital, à 30 jours après la transplantation et à six mois, et concernant l'incidence de la défaillance primaire du greffon et du rejet traité à un an, le risque d'une vasculopathie d'allogreffe cardiaque (≥ grade 1) à un an et les réadmissions à un an.
Cette étude montre ainsi que les résultats cliniques chez les receveurs en état de mort circulatoire sont similaires à ceux des receveurs en état de mort cérébrale.
Concernant la défaillance primaire du greffon, les auteurs soulignent que des études précédentes ont pu suggérer un taux accru chez les receveurs de greffons issus de donneurs en arrêt circulatoire, contrairement à ce qu'ils ont trouvé dans leur étude. "La raison n'est pas claire mais peut être attribuable à des différences dans les méthodes de récupération et de conservation des organes ou dans les stratégies de prise en charge post-transplantation", avancent-ils.
"Cette étude vient s'ajouter aux données publiées qui soutiennent que les donneurs en état de mort circulatoire sont un moyen sûr d'élargir le pool de donneurs de greffons cardiaques", estiment les auteurs. Ils précisent que des études sont nécessaires pour évaluer les résultats à plus long terme et pour mieux déterminer quelles sont les techniques optimales de préservation des organes issus de donneurs après arrêt circulatoire.
(JACC, publication en ligne du 10 octobre)
Source: APMnews
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