Edulcorants et maladies cardiovasculaires : le surrisque mieux caractérisé

Publié le vendredi 16 septembre 2022
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LONDRES, 8 septembre 2022 (APMnews) - La consommation d'édulcorants est associée à un surrisque global de maladies cardiovasculaires, et cérébrovasculaires, selon de nouveaux travaux issus de la cohorte française NutriNet-Santé, publiés jeudi dans The British Medical Journal (BMJ).

L'Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren, Inserm) avait déjà mis en évidence un surrisque de maladies cardiovasculaires associé à la consommation de boissons édulcorées, à partir de la cohorte NutriNet-Santé, rappelle-t-on (cf dépêche du 27/11/2020 à 13:37).

Depuis, les chercheurs de l'équipe ont réalisé un important travail pour quantifier les apports en additifs globaux et pour chaque type d'édulcorants, et ce pour chacun des participants de la cohorte, a expliqué à APMnews sa directrice, Mathilde Touvier. Les 103.388 participants ont renseigné leurs consommations alimentaires sur plusieurs périodes de 24 heures, en précisant les noms et marques des produits. Cela a permis d'évaluer précisément leurs expositions aux édulcorants de table, contenus dans les boissons, ajoutés dans les produits laitiers, etc.

Dans le BMJ, Charlotte Debras et ses collègues rappellent en introduction que les édulcorants, promus comme des alternatives saines au sucre, représentent un marché de 7,2 milliards de dollars, en croissance annuelle de 5%. Globalement, plus de 23.000 produits alimentaires en contiennent. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a défini des seuils de consommation acceptables et conduit actuellement une réévaluation des édulcorants.

En 2022, un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) mentionnait une association entre leur consommation et une augmentation du risque de marqueurs cardiovasculaires, et de mortalité cardiovasculaire, tout en estimant que le niveau de preuve restait faible.

Les travaux de l'équipe Eren contribuent à améliorer le niveau de connaissance sur ce sujet qui demeure controversé.

Dans cette étude, 37,1% des adultes (de 42,2 ans en moyenne) consommaient des édulcorants et, parmi ceux qui en consommaient, l'apport journalier moyen était de 15,6 mg, ce qui correspond à 100 ml d'une boisson édulcorée.

Les chercheurs divisaient les participants en trois groupes: les non-consommateurs, les consommateurs modérés (moins de la médiane des consommateurs) et les gros consommateurs.

Ils rapportent des différences de profils entre les trois groupes, en ce qui concerne différents facteurs de risque cardiovasculaires, mais ils ont été pris en compte dans l'analyse.

Après un suivi médian de 9 ans, 1.502 événements cardiovasculaires ont été recensés dans cette cohorte, notamment à partir du Système national des données de santé (SNDS).

Les chercheurs ont mis en évidence une augmentation du risque d'événements cardiovasculaires associée à la consommation totale d'édulcorants de 9%. Le taux d'incidence chez les gros consommateurs était de 346/100.000 personnes-années, contre 314/100.000 personnes-années chez les non-consommateurs.

Le surrisque d'événements cérébrovasculaires atteignait 18%.

La consommation d'aspartame (E951) était associée à une augmentation du risque d'événements cérébrovasculaires de 17%.

Celle d'acésulfame de potassium (E950) et de sucralose (E955) à un risque de maladie coronarienne supérieur de 40% et 30%.

Des recherches supplémentaires dans d'autres cohortes restent nécessaires pour confirmer ces associations, soulignent les chercheurs.

"Ces résultats, en accord avec le dernier rapport de l'OMS publié cette année, ne soutiennent pas l'utilisation d'édulcorants en tant qu'alternatives sûres au sucre et fournissent de nouvelles informations pour répondre aux débats scientifiques concernant leurs potentiels effets sur la santé. Ils fournissent par ailleurs des données importantes pour leur réévaluation en cours par l'EFSA et d'autres agences de santé publique dans le monde", estime le Dr Touvier, dans un communiqué de l'Inserm.

La même équipe a présenté fin 2021 des données, issues de la même cohorte, montrant que la consommation d'édulcorants était associée à un surrisque de cancers, rappelle-t-on.

(BMJ, publication en ligne du 7 septembre)

Source: APMnews

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