Le Collège des cardiologues des hôpitaux fait 25 propositions pour l'avenir de la cardiologie hospitalière

PARIS, 25 novembre 2022 (APMnews) - Le Collège national des cardiologues des hôpitaux (CNCH) a présenté 25 propositions pour l'avenir de la cardiologie hospitalière afin de répondre aux besoins lors d'une conférence de presse jeudi à Paris.
Après avoir fait une analyse de la situation, le CNCH a préparé un rapport contenant 25 propositions et solutions "pour une cardiologie d'aujourd'hui et de demain" qu'il a présenté lors de la conférence de presse organisée jeudi, et qu'il a remis vendredi au ministre de la santé et de la prévention, François Braun, venu à son congrès annuel à Paris. Le rapport a aussi été remis à la Fédération hospitalière de France (FHF) et à la conférence nationale des présidents de commission médicale d'établissement.
Le CNCH rassemble les services de cardiologie des centres hospitaliers, des Espic (établissements privés d'intérêt collectif) et des hôpitaux militaires. Avec 464 centres de cardiologie et réadaptation cardiovasculaire (79% de centres hospitaliers, 19% d'Espic et 2% d'hôpitaux d'instruction des armées -HIA), il couvre la moitié de l'activité avec 47% des séjours et 911 cardiologues.
La cardiologie est une des disciplines médicales les plus innovantes avec de nouvelles techniques de soins et des pratiques de prévention prometteuses. Toutefois, cette discipline "souffre d'une vraie problématique de disponibilité de ressources humaines", a constaté le Dr Walid Amara, futur président du CNCH, cité dans un communiqué.
"Notre hôpital public subit des contraintes très lourdes liées à l'exigence d'assurer des soins 24h sur 24 tout au long de l'année. Or, il n'attire plus les médecins et les soignants en raison d'un manque de reconnaissance économique et de conditions de travail âpres. Nos jeunes confrères et consoeurs se détournent de métiers qui subissent de telles exigences, en particulier pour la cardiologie interventionnelle dont seulement 29 postes sur les 46 ouverts ont été pourvus en 2021", indique le CNCH.
Les besoins de prise en charge des pathologies cardiovasculaires ne cessent de progresser et se reflètent dans le taux de croissance annuel des séjours de cardiologie, de l'ordre de 3% par an entre 2009 et 2019 avec 1,5 million d'hospitalisations désormais réalisées chaque année en cardiologie.
Avec une progression moyenne des effectifs de 1% par an, les 7.460 cardiologues en activité (6.319 en activité régulière au 1er janvier) ont de plus en plus de mal à répondre à cette demande croissante. Au CNCH, 38,3% des postes de praticiens hospitaliers (PH) à temps plein et 51,2% des temps partiels étaient vacants en 2019.
Ce sont 25 solutions intégrant le constat de la situation actuelle, les besoins et les attentes de la société, les implications médico-économiques et l'ensemble des facteurs qui permettront à la cardiologie hospitalière "de rester en pointe et d'être toujours plus performante, efficiente et sécurisante", a indiqué le Dr Franck Albert, président du CNCH, afin de "créer un choc d'attractivité médicale".
Pour le Pr Christophe Leclercq (CHU de Rennes), président de la Société française de cardiologie (SFC), "la coordination est extrêmement importante, il est essentiel d'arrêter de travailler en silos et de développer les coopérations, notamment avec le personnel paramédical comme les infirmiers en pratique avancée (IPA)".
Le Dr Simon Cattan, secrétaire du CNCH, rappelle "qu'il faut aussi repenser les rémunérations du secteur public".
Le travail qu'a effectué le collège a pour vocation de poser un constat de la situation actuelle de la cardiologie hospitalière, tant dans son efficacité que sur ses manques présents et à venir.
Cinq objectifs majeurs
Les 25 solutions proposées sont structurées autour de 5 objectifs majeurs traités au travers de 17 chapitres. Pour chaque chapitre un cap et des solutions sont fixés.
Pour adapter l'offre de soins aux besoins cardiologiques du territoire, il leur paraît nécessaire de définir une gradation des soins en cardiologie dans le cadre de filières pensées à l'échelle de chaque bassin de santé, prendre en compte le besoin réel pour les nouvelles autorisations de cardiologie et rythmologie interventionnelle et de renforcer le développement de la télémédecine en cardiologie grâce à un financement plus juste des missions.
Pour contrer la crise démographique et renforcer l'attractivité de l'hôpital public, le CNCH demande d'augmenter le nombre de postes ouverts en cardiologie de 30 places, réduire les écarts de rémunération pour mieux tenir compte de la pénibilité des métiers et assouplir les conditions d'exercice à l'hôpital pour faire venir et fidéliser les jeunes.
Il préconise notamment d'augmenter le recours aux postes partagés entre les CHU et les centres du CNCH et demande d'engager une réflexion sur la rémunération de l'investigation réalisée par les CH impliquant une révision de la grille de répartition des enveloppes missions d'enseignement, de recherche, de référence et d'innovation (Merri).
Pour décloisonner le système de santé, le collège propose de renforcer les liens entre CH et CHU via la recherche, autoriser les hôpitaux à créer des maisons de santé pluridisciplinaires et partager les responsabilités liées à la permanence des soins entre les professionnels hospitaliers et de ville.
Il demande d'encourager la constitution de fédérations médicales inter-hospitalières et de réviser le périmètre de certains groupements hospitaliers de territoire (GHT) "dont la composition actuelle suscite des problèmes de gouvernance et d'efficience".
Pour accompagner les patients avec des parcours de soins adaptés, il faut constituer des équipes mobiles spécialisées en insuffisance cardiaque, accélérer la délégation et la formation des soignants aux nouveaux métiers infirmiers, poursuit le collège.
Pour adapter les organisations pour une meilleure qualité de prise en charge, les cardiologues des hôpitaux suggèrent d'accélérer le virage ambulatoire avec un objectif de 70% sur les prises en charge programmées, de mieux tenir compte des coûts réels d'une hospitalisation, et d'adapter les effectifs à la charge de travail réelle des professionnels.
Ils souhaitent inciter les centres de cardiologie interventionnelle à adhérer à des registres nationaux (France PCI et France TAVI, etc.) avec le soutien des agences régionales de santé (ARS) en lien avec la Société française de cardiologie (SFC), pour faciliter la traçabilité et l'évaluation des pratiques sur la base de comparaisons inter-établissements fiables.
Synthèse du livre blanc du CNCH
Source: APMnews
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