Les siRNA et le coeur : efficacité et sécurité du Patisiran dans les cardiopathies amyloïdes à TTR

Dr Silvia Oghina
Cardiologue au sein du centre de référence des amyloses cardiaques
Créteil
D’après la communication orale du Pr Matthew Maurer à l’ISA 2022, Heidelberg, intitulée "Primary Results From APOLLO-B, A Phase 3 Study of Patisiran In Patients With Transthyretin-Mediated Amyloidosis With Cardiomyopathy". Mathew S. Maurer, Marianna Fontana, John L. Berk, Finn Gustafsson, Marcus Simões, et al. ISA 2022, commentée par le Dr Silvia Oghina.
Les données de l’étude APPOLO-B sur l’efficacité et la sécurité du Patisiran dans les cardiopathies amyloïdes à TTR ont été révélées à l’International Symposium on Amyloidosis (ISA), à Heidelberg, le 8 septembre 2022, par le Pr M. Maurer.
Cette étude de phase 3 a permis d’inclure 360 patients suivis pour une amylose cardiaque à TTR (sauvage ou mutée) symptomatiques sur le plan de l’insuffisance cardiaque (avec une classe NYHA ≤ 3).
Les patients étaient inclus 1 :1 dans le bras Patisiran ou placebo et étaient stratifiés sur le traitement concomitant par Tafamidis, le type d’amylose (sauvage ou mutée), la classe NYHA (I/II vs III) et l’âge (< ou ≥ 75 ans).
Parmi les 181 patients traités dans le bras Patisiran, 89 % étaient des hommes et 79,6 % avaient une ATTR sauvage avec un âge médian de 76 (47 - 85) ans, avec une atteinte cardiaque peu sévère (68,5 % stade 1 de la NAC (10), 91,3 % en stade I ou II de la NYHA et avec un NTproBNP médian à l’inclusion à 2008 ng/L).
Le critère de jugement principal reposait sur les modifications du test de marche de 6 min à 12 mois. Les patients du groupe Patisiran avaient une moindre dégradation de la distance parcourue à 12 mois comparés aux patients dans le bras placebo (18,1 m en médiane, p = 0,0234).
De la même manière, les critères de jugement secondaires ont permis de montrer une stabilisation du questionnaire de qualité de vie Kansas City à 12 mois dans le groupe traité comparé au groupe placebo (p = 0,0397).
L’évaluation de la mortalité faisait également partie des critères de jugement secondaire. Il n’y avait pas de différence à 12 mois entre les deux groupes sur le critère composite associant mortalité toutes causes, hospitalisations toutes causes et visites urgentes pour insuffisance cardiaque, aussi bien dans l’ensemble de la cohorte (p = 0,56) que dans le groupe non traité par Tafamidis (p = 0,99).
D’un point de vue biologique, le Patisiran permet une réduction rapide du taux de TTR circulante (86,8 %) et une moindre élévation du NTproBNP à 12 mois par rapport au placebo.
En termes de sécurité, 26 % des patients traités par Patisiran ont déclaré un évènement indésirable sévère ainsi que 29,2 % dans le groupe placebo. Parmi les effets indésirables les plus fréquemment déclarés (en général minimes ou modérés), étaient présents des réactions au point d’injection (12,2 % dans le groupe Patisiran vs 9 % dans le groupe placebo), des arthralgies (7,7 % vs 4,5 %) et des spasmes musculaires (6,6 % vs 2,2 %). Il n’y avait pas d’excès d’évènements cardiovasculaires dans le groupe traité par Patisiran.
Il est important de noter que seuls 25% des patients inclus dans l’étude étaient traités de manière concomitante par Tafamidis. Aucune analyse dans ce sous-groupe n’a été décrite lors de la présentation des résultats de l’étude, ce qui aurait pu être intéressant pour connaître le bénéfice et la tolérance de l’association de ces deux traitements dans l’amylose cardiaque à TTR.
L'efficacité à plus long terme et l'innocuité du patisiran sont en cours d’étude dans la phase d’extension en ouvert d'APOLLO-B.
Références :
- Gillmore JD, Damy T, Fontana M, Hutchinson M, Lachmann HJ, Martinez-Naharro A, et al. A new staging system for cardiac transthyretin amyloidosis. Eur Heart J. 2017 Oct 18.
Retrouvez l'intégralité du dossier spécial "Les ARN interférents et les amyloses à transthyrétine"
Ce contenu vous est proposé avec le soutien institutionnel d'Alnylam
