SGLT2-i et insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée

Dr François Dievart
Elsan Clinique Villette,
Dunkerque
L’empagliflozine est bénéfique chez les patients ayant une insuffisance cardiaque et une FEVG au moins égale à 50 %. Dans l’insuffisance cardiaque à FEVG préservée, elle améliore significativement la qualité de vie. Des précisions sur ces bénéfices ont été apportées à l’AHA.
Les preuves
L’étude EMPEROR Preserved a démontré que l’empagliflozine, par rapport au placebo, permet d’améliorer le pronostic de patients ayant une insuffisance cardiaque à FEVG préservée, c’est-à-dire supérieure à 40 %. Ce bénéfice s’exprime par une réduction significative de 21 % (HR : 0,79 ; IC 95 %: 0,69-0,90; P < 0,001) des événements du critère primaire (décès CV et hospitalisation pour insuffisance cardiaque) au terme d’un suivi médian de 26 mois.
L’analyse complémentaire de cette étude présentée lors de l’AHA a évalué le bénéfice du traitement selon la valeur de la FEVG à l’inclusion en distinguant deux sous-groupes : FEVG comprise entre 41 et 49 %, ou au moins égale à 50 %. Une des raisons de cette analyse complémentaire est que les recommandations européennes de 2021 pour la prise en charge de l’insuffisance cardiaque ont défini l’insuffisance cardiaque à FEVG préservée par une FEVG au moins égale à 50 %, les valeurs comprises entre 40 et 50 % étant qualifiées d’insuffisance cardiaque à FEVG intermédiaire.
En moyenne à l’inclusion, et par rapport aux patients ayant une FEVG comprise entre 41 et 49 %, ceux ayant une FEVG au moins égale à 50 % étaient plus âgés (70,1 vs 72,8 ans), étaient plus souvent des femmes (33 vs 50 %), avaient moins souvent une cardiopathie ischémique (50 vs 28 %) et avaient plus souvent une fibrillation atriale (46 vs 56%).
Chez les patients ayant une FEVG au moins égale à 50 %, le bénéfice sur le critère primaire (HR : 0,83 ; IC 95 % : 0,71-0,93 ; p = 0,024) a été significatif et équivalent à celui de l’ensemble de la population et légèrement moindre que chez les patients ayant une FEVG comprise entre 41 et 49 % (HR : 0,71 ; IC 95 % : 0,57-0,88 ; p = 0,002).
Concernant l’effet enregistré sur les principaux critères évalués, chez les patients ayant une FEVG au moins égale à 50 %, l’empagliflozine a permis une réduction significative de 22 % en valeur relative (p = 0,013) du risque de première hospitalisation pour insuffisance cardiaque, une amélioration significative (p = 0,006) du score de qualité de vie (KCCQ-CSS) et une amélioration significative (p < 0,0001) de la pente de déclin du débit de filtration glomérulaire.
L’analyse
Cette analyse permet de conclure que l’empagliflozine exerce un bénéfice clinique significatif chez les patients ayant une insuffisance cardiaque à FEVG préservée telle qu’elle est définie par la définition universelle de l’insuffisance cardiaque, définition retenue dans les recommandations de 2021 de la Société européenne de cardiologie.
Effet sur la qualité de vie
La deuxième analyse complémentaire importante concernant l’étude EMPEROR Preserved a évalué l’effet de l’empagliflozine sur la qualité de vie au moyen du questionnaire Kansas City Cardiomyopathy Questionnaire (KCCQ) auquel les patients ont dû répondre à l’inclusion, à 12, 32 puis 52 semaines de suivi.
Cette étude comporte deux types de résultats.
Le premier est celui de l’effet du traitement selon le tertile de qualité de vie à l’inclusion. En matière d’effet sur le risque de décès CV et d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque, l’effet bénéfique de l’empagliflozine a été homogène (p pour la tendance = 0,7663) dans les trois tertiles (KCCQ CSS inférieur à 62,5 : HR : 0,83 ; IC 95 % : 0,69-1,00 ; KCCQ CCS entre 62,5 et 83,3 : HR : 0,70 ; IC 95 % : 0,55-0,88) et KCCQ CSS au moins égal à 83,3 : HR : 0,82 ; IC 95 % : 0,62-1,08). Un résultat similaire a été enregistré concernant le nombre total d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque (p pour la tendance = 0,4578).
Le deuxième est celui de l’évolution de la qualité de vie. Celle-ci, par rapport à ce qui a été constaté sous placebo, a été significativement améliorée sous empagliflozine : augmentations respectives du score de 1,03, 1,24 et 1,5 à 12, 32 et 52 semaines (p <0,01).
Ainsi dans l’insuffisance cardiaque à FEVG préservée, l’empagliflozine exerce un bénéfice clinique indépendant de la qualité de vie initiale et améliore la qualité de vie significativement, et cela dès 12 semaines de traitement.
Retrouvez l'intégralité du dossier spécial "Retour de l’AHA et IC : recommandations 2021 comparées AHA et ESC sur les SLGT2-i dans l’IC"
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