Facteurs de risque spécifiquement féminins

Dr François Paillard
Centre de Prévention Cardiovasculaire, CHU Pontchaillou
Rennes
Une survenue précoce de la ménarche à 10 ans ou plus jeune (l’âge des premières règles est en moyenne à 12,5 ans en France) augmente très notablement le risque cardiovasculaire1. Les mécanismes ne sont pas parfaitement élucidés : rôle d'une alimentation défavorable, du surpoids, de la sédentarité, de l'insulinorésistance ?
Une ménopause prématurée (avant 45 ans) augmente le risque de maladie coronaire (+ 50 %) et d'AVC (+ 23 %)2.
Le syndrome des ovaires polykystiques touche 5 à 13 % des femmes et est associé à une prévalence accrue de surpoids, d'insulinorésistance, de diabète, de dyslipidémie et d'HTA. Le risque cardiovasculaire global est également accru de 30 %3.
La survenue d’une hypertension gravidique est également un marqueur de risque d'événements cardiovasculaires ultérieurs, d'autant plus que cette hypertension a évolué vers une prééclampsie4. Le risque d'hypertension permanente ultérieure est multiplié par 2,5 (HTA gravidique) et 3,5 (prééclampsie). Le risque de maladie coronaire est multiplié respectivement par 1,7 et 2,5. Les mécanismes associant pré-éclampsie et risque cardiovasculaire ultérieur sont imparfaitement établis. S'agit-il véritablement d'un facteur causal ou d'une association simple liée à des facteurs de risque communs ? Parmi les mécanismes évoqués, le remodelage et l'hypertrophie ventriculaires gauches secondaires à la prééclampsie pourraient expliquer le risque ultérieur. Au contraire, les femmes qui présentent une dysfonction ventriculaire gauche préexistante et une insuffisance placentaire sont plus susceptibles de développer une prééclampsie, ce qui suggère davantage une association.
Le diabète gestationnel majore le risque cardiovasculaire : le risque d'accident vasculaire cérébral est augmenté de 21 %4. L'obésité pendant la grossesse est également associée à une augmentation du risque cardiovasculaire ultérieur.
Enfin, la survenue de fausses couches (FC) répétées majore aussi le risque CV5 qui est multiplié par 1,75 (2 FC) à 3,18 (3 FC).
Inversement, il apparaît qu’un allaitement maternel de 4 mois ou plus réduit le risque d'hypertension (- 30 %) et le risque cardiovasculaire (- 20 %)6. L'allaitement maternel pourrait agir en réduisant le risque d'insulinorésistance et d'accumulation de la masse grasse intervenue pendant la grossesse.
Références :
- Lee JJ: J Am Heart Assoc. 2019;8: e012406.
- Muka T: JAMA Cardiol 2016 1: 767-776
- Okoth K : BMJ 2020;371:m3502
- O’Kelly AC : Circulation Research. 2022;130:652–672
- Agarwala A : Circulation. 2020;141:592–599
- Kirkegaard H : Prev Med. 2018;114:140–148
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