EuroPath IV : un survey spécifique pour l’analyse des prescriptions hypolipémiantes en post-SCA

Mis à jour le lundi 26 juin 2023
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François Schiele

Pr François Schiele
Cardiologie et maladies vasculaires
Hôpital Jean-Minjoz, CHU Besançon

Il est admis que seules les études randomisées permettent d’obtenir des preuves scientifiques. Les études observationnelles peuvent, au mieux, générer des hypothèses qu’il faudra valider. En revanche, si on s’intéresse aux résultats sur le terrain, ce sont les études observationnelles qu’il faut examiner. La particularité des « surveys » est de tenter de répondre à des questions complexes, comme des renseignements sur les connaissances et opinions des prescripteurs, ou de voir que ce ces mêmes prescripteurs ont fait sur des cas réels.

« EuroPath ACS » est un programme d’étude et d’amélioration du traitement hypolipémiant post-infarctus. Il a comporté 2 surveys successifs sur la prescription des hypolipémiants, l’un conduit en 20181, l’autre en 20222. Environ 500 cardiologues européens ont participé à ces surveys et, pour chacun, les prescriptions et parcours de soin de 2 650 cas patients ont été analysés. L’intérêt de comparer ces 2 surveys est d’estimer l’impact, sur la prescription, des recommandations 2019, sur la prise en charge des dyslipidémies, sur la disponibilité des inhibiteurs de PCSK9 en Europe, et sur la communication médicale.

L’analyse des survey EuroPath I et IV2 montre que si les caractéristiques des patients n’ont pas changé entre 2018 et 2022, leur niveau de LDL-c à l’admission était plus bas en 2022 (125 ± 54 mg/dL contre 143 ± 89 mg/dL en 2018), laissant supposer une meilleure prévention avant l’infarctus. Le taux de prescription des statines à la sortie de l’hôpital est resté stable entre les 2 périodes, de l’ordre de 90 %, mais l’intensité du traitement initial a été plus forte en 2022, avec 78 % de statines de forte intensité (contre 72 % en 2018) et, dans 34 % des cas, une association d’emblée avec l’ezétimibe (versus 13 % en 2018). Les inhibiteurs du PSCK9 ont été peu utilisés durant la phase hospitalière, 7 % des patients en 2022 (1 % en 2018).

Si l’évolution des prescriptions en phase aigüe est indiscutablement favorable, elle reste insuffisante, car le LDL-c moyen à la première visite de suivi (à 16 semaines) était en moyenne de 85 ± 45 mg/dL, avec seulement 18% des patients avaient un LDL-c< 55mg/dL. Durant le suivi, les modifications thérapeutiques ont également été peu efficaces puisque qu'au terme de 12 mois, seuls 31% des patients étaient à leur objectif de LDL-c.

Sachant l’importance majeure de la baisse du LDL-c et de l’atteinte de cet objectif pour diminuer la morbi-mortalité post infarctus, il reste du travail à faire !

Références :

  1. Landmesser U, Pirillo A, Farnier M, Jukema JW, Laufs U, Mach F, et al. Lipid-lowering therapy and low-density lipoprotein cholesterol goal achievement in patients with acute coronary syndromes: The ACS patient pathway project. Atheroscler Suppl. 2020;42:e49-e58.
  2. Laufs U, Catapano AL, De Caterina R, Schiele F, Sionis A, Zaman A, et al. The effect of the 2019 ESC/EAS dyslipidaemia guidelines on low-density lipoprotein cholesterol goal achievement in patients with acute coronary syndromes: The ACS EuroPath IV project. Vascul Pharmacol. 2023;148:107141.

 

Retrouvez l'intégralité du dossier spécial « Comment optimiser la prise en charge lipidique après un syndrome coronaire aigu ? »

 

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