EHRA 2023 : l'étude CEASE AF - efficacité et sécurité d’une ablation hybride endocardique et épicardique dans les FA persistantes : deux ablations pour le prix d’une ?

Auteur :
Dr Vincent Algalarrondo
Paris
En direct de l'EHRA 2023
D'après la présentation de Nicolas Doll (Bad Rothenfelde, Allemagne) : « Effectiveness and safety of hybrid epicardial and enocardial ablation versus endocardial ablation in patients with persistent and lonstanding persistent atrial fibrillation ».
Question posée
Quelle est l’efficacité et la sécurité d’une ablation hybride (épicardique chirurgicale et endocardique par cathéter) par rapport à une isolation simple des veines pulmonaires par voie endocardique ?
Structure de l'étude
Essai randomisé 2:1 de patients présentant une FA persistante et une dilatation atriale. Dans le bras hybride, une première procédure épicardique visait à isoler les veines pulmonaires, la box postérieure et à exclure l’auricule gauche. Une deuxième procédure endocardique visait ensuite à cartographier l’oreillette et à ablater les reconnections éventuelles. Dans le bras contrôle, une isolation simple des veines pulmonaires était réalisée par voie endocardique. Le critère primaire de jugement était la récidive de FA au cours des 12 mois suivant l’ablation.
Principaux résultats
170 patients inclus (âge moyen 61 ans, 74 % d’homme). À un an, le maintien en rythme sinusal était observé dans 72 % en hybride vs. 39 % en conventionnel (P<0.001). Cela se traduisait par moins d’ablation en seconde ligne et moins de cardioversion. En termes de sécurité, on note des complications dans 7,8 % en hybride vs. 5,8 % en conventionnel.
Message et commentaire
Les résultats de cette étude très positifs interpellent et questionnent. La première interrogation concerne la différence d’intervention entre les deux bras : il s’agit de fait d’une comparaison entre une stratégie à 2 procédures vs. à une seule procédure, ce qui explique en partie les différences. De plus L’efficacité à 12 mois de l’ablation dans le groupe conventionnel est particulièrement basse (42 %) dans l’étude comparé au reste de la littérature (59 % dans l’étude STAR AF II par exemple). Enfin, si le taux de complication ne diffère pas significativement, certaines sont particulièrement lourdes dans le groupe hybride. De plus, le taux de complications dans le bras conventionnel est là aussi particulièrement élevé. Il conviendra donc de lire la publication associée de manière attentive…