CMH - Une approche fonctionnelle est-elle possible en IRM cardiaque ?

Mis à jour le mardi 8 août 2023
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Olivier Lairez

Pr Olivier Lairez
Spécialiste en imagerie cardiaque multimodale
CHU de Toulouse

Parmi les patients atteints de CMH, environ un tiers présentent une obstruction de la chambre de chasse du ventricule gauche au repos, associée au mouvement antérieur des feuillets mitraux. Chez ces patients, le mouvement systolique antérieur (systolic anterior motion, SAM) de la valve mitrale entraîne un défaut de coaptation des feuillets, à l’origine d’une régurgitation mitrale méso-télé-systolique d’orientation inféro-latérale.

Ces flux turbulents vont entrainer le déphasage des électrons à l’origine d’un défaut de signal, qui va permettre de les rendre apparents sous forme d’hyposignal au sein d’une cavité en hypersignal. Ainsi, l’obstruction intraventriculaire gauche, et sa conséquence, la régurgitation mitrale peuvent être visualisées en IRM cardiaque (Figures 1 & 2, vidéos 1 & 2).

Figure 1 : Ciné-IRM montrant un flux d’obstruction sous-aortique (flèche rouge) en regard d’une zone d’hypertrophie septale associée à une régurgitation mitrale (flèche bleue)

Figure 2 : Ciné-IRM montrant un flux d’obstruction sous-aortique (flèche rouge) en regard d’une zone d’hypertrophie septale associée à une régurgitation mitrale (flèche bleue)

 

 

Vidéo 1 : Ciné-IRM montrant un flux d’obstruction sous-aortique en regard d’une zone d’hypertrophie septale associée à une régurgitation mitrale

 

Vidéo 2 : Ciné-IRM montrant un flux d’obstruction sous-aortique en regard d’une zone d’hypertrophie septale associée à une régurgitation mitrale

Les conséquences de l’obstruction, le mouvement systolique antérieur de la valve mitrale, sont également visualisables en ciné-IRM. Ainsi, l’étude de la cinétique de la valve mitrale, associée à la visualisation de l’orientation du flux de régurgitation mitrale dans l’oreillette gauche, permet de suspecter une obstruction de la chambre de chasse du ventricule gauche, ou une anomalie intrinsèque de la valve mitrale, en présence d'un jet de régurgitation central ou l'antérieur.

Les séquences de cartographie de la vitesse du flux (contraste de phase) peuvent être utilisées pour déterminer la vitesse maximale du flux sanguin, et quantifier l’obstruction dans la chambre de chasse du ventricule gauche, mais l'alignement correct du plan d'imagerie orthogonal au flux d’obstruction est chronophage et source d’erreurs, et le déphasage des électrons par la turbulence du flux rend difficile la quantification précise du flux, expliquant que la technique soit peu utilisée en pratique.

Bien que la technique soit encore émergente, le développement des séquences de flux en 4D (mesure dynamique des flux intracardiaques dans les 3 dimensions de l’espace, 4D-flow) pourrait permettre d’améliorer l’étude de l’obstruction intraventriculaire. En couvrant l’ensemble du volume cardiaque, avec la possibilité de mesurer simultanément les flux vasculaires à l'intérieur de ce volume en une seule séquence, l'IRM de flux 4D pourrait être en mesure de quantifier l'obstruction du ventricule gauche1. Cependant, les vélocités et la turbulence des flux rendent difficiles son application en pratique clinique et limitent son utilisation au domaine de la recherche (identifiant ClinicalTrials.gov : NCT04439942).

Références :

  1. Allen BD, Choudhury L, Barker AJ, et al. Three-dimensional haemodynamics in patients with obstructive and non-obstructive hypertrophic cardiomyopathy assessed by cardiac magnetic resonance. Eur. Hear. journal. Cardiovasc. Imaging 2015;16:29–36.

 

Retrouvez l'intégralité du dossier spécial « CMH obstructive : comment rechercher et mesurer l’obstruction en pratique clinique ? »

 

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