AOD : quelles sont les perspectives en recherche ?

Mis à jour le mardi 25 août 2020
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Auteur :

Orianne Weizman
CCF, Nancy

Avec l’utilisation importante des données SNIIRAM issues du Système National des Données de Santé (SNDS), les équipes françaises bénéficient d’une base de données anonymisée regroupant les informations issues des remboursements effectués par l’ensemble des régimes d’assurance maladie ; elles concernent l’âge des patients, leur sexe, l’existence d’une ALD et leur consommation de soins (médicaments, dispositifs médicaux, etc…), entre autres. Ces données de vraie vie issues du SNIIRAM concernant les AOD permettent de mieux connaître le profil de prescription de ces molécules et la dynamique de leur utilisation au cours du temps, sans pour autant être dépourvues de limitations : difficultés statistiques liées à l’énorme quantité de données, grande hétérogénéité des patients, impossibilité d’obtenir des informations exhaustives sur tous les facteurs de confusion, critère de jugement basé sur un algorithme informatique…

Malgré la large population cible, les AOD doivent encore prouver leur efficacité dans d’autres domaines historiques des AVK. Il s’agit notamment de la FA valvulaire, en particulier chez les patients porteurs de prothèses valvulaires mécaniques. Des données ont déjà permis de considérer l’utilisation des AOD « acceptable » selon les recommandations européennes chez les patients porteurs d’une valvulopathie aortique ou d’une insuffisance mitrale dégénérative légère à modérée.[1–3] A plus de 3 mois post-opératoires, les AOD pourraient être utilisés après une plastie mitrale ou l’implantation d’une bioprothèse.[1] Chez les patients porteurs de valve mécanique, les AOD sont contre-indiqués depuis 2013 et l’étude de phase II RE-ALIGN, qui avait comparé dabigatran et warfarine, avait été stoppée du fait d’évènements indésirables graves dans le bras AOD.[4] Aucune nouvelle étude n’a été débutée chez ces patients depuis. Pourtant, la durée de vie prolongée des patients porteurs d’une valve mécanique, les difficultés d’une anticoagulation au long cours par AVK associées au profil de sécurité intéressant des AOD rendent nécessaires d’autres études évaluant les AOD dans cette indication.[5]

D’autres zones d’ombres persistent, notamment concernant leur prescription dans des sous populations à risque, comme les femmes enceintes, les enfants, les patients porteurs d’une insuffisance rénale ou hépatique terminale ou les patients porteurs de maladies pro-thrombotiques héréditaires...

Figure 1: recommandations de l’ESC sur l’utilisation des AODs chez les patients en FA. Adaptée de Steffel J, Verhamme P, Potpara TS, Albaladejo P, Antz M, Desteghe L, et al. The 2018 European Heart Rhythm Association Practical Guide on the use of non-vitamin K antagonist oral anticoagulants in patients with atrial fibrillation. European Heart Journal 2018;39:1330–93 [1]

Bibliographie         

  1. Steffel J, Verhamme P, Potpara TS, Albaladejo P, Antz M, Desteghe L, et al. The 2018 European Heart Rhythm Association Practical Guide on the use of non-vitamin K antagonist oral anticoagulants in patients with atrial fibrillation. European Heart Journal 2018;39:1330–93.
  2. Erwin JP, Iung B. Current recommendations for anticoagulant therapy in patients with valvular heart disease and atrial fibrillation: the ACC/AHA and ESC/EACTS Guidelines in Harmony…but not Lockstep! Heart 2018;104:968–70.
  3. Nishimura RA, Otto CM, Bonow RO, Carabello BA, Erwin JP, Fleisher LA, et al. 2017 AHA/ACC Focused Update of the 2014 AHA/ACC Guideline for the Management of Patients With Valvular Heart Disease. Journal of the American College of Cardiology 2017;70:252–89.
  4. Eikelboom JW, Connolly SJ, Brueckmann M, Granger CB, Kappetein AP, Mack MJ, et al. Dabigatran versus Warfarin in Patients with Mechanical Heart Valves. N Engl J Med 2013;369:1206–14.
  5. Aimo A, Giugliano RP, De Caterina R. Non–Vitamin K Antagonist Oral Anticoagulants for Mechanical Heart Valves: Is the Door Still Open? Circulation 2018;138:1356–65.  

 

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