AOD : quelle observance ?

Publié le mardi 30 juin 2020
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Auteur :

Orianne Weizman
CCF, Nancy

L’absence de nécessité de contrôle biologique sous AOD est une simplification majeure source de prescription large dans la FANV, qui améliore l’adhérence des patients au traitement.

Pourtant, les études américaines de vraie vie sont contradictoires sur ce point. En effet, certaines études ont souligné une observance suboptimale sous AOD : plus d'un quart des patients ne prennent pas leur traitement correctement (<80% des prises).[1] Il semblerait que la prescription en une fois par jour du rivaxoraban favorise néanmoins l’adhérence des patients.[2]

Les données françaises de l’étude BROTHER, basées sur les données SNIIRAM et publiées dans le rapport de la commission de transparence de la HAS[6], décrivent une adhérence du même ordre (seuls 62 à 69% des patients prenaient le traitement régulièrement contre 78% sous AVK). Néanmoins, ces mesures ne sont qu’indirectes, puisqu’elles ne sont basées que sur le nombre de comprimés délivrés par le pharmacien et pas réellement au nombre de comprimés pris par le patient.

Étonnamment, dans BROTHER [3], le pourcentage de patients qui stoppent ou changent de traitement sous rivaroxaban ou dabigatran était plus élevé que sous AVK (45% environ contre 38% respectivement). Le switch était plus souvent dirigé vers les AVK que vers un autre AOD : la moitié des switchs sous rivaroxaban allaient vers les AVK, un quart vers un autre AOD, 20% vers une héparine. La moitié des patients sous dabigatran ont changé de traitement pour un AVK et 1/3 pour un AOD. Malheureusement, les motifs d’arrêt ou de switch n’étaient pas disponibles dans cette étude.

Ainsi, l’apparent bénéfice des AOD sur l’observance ne se vérifie que partiellement. Sachant qu’une adhérence suboptimale est associée à une augmentation du risque de mortalité et d’AVC, une attention toute particulière à l’observance des patients est indispensable.[1] 

Figure 1 : étude BROTHER montrant les proportions de switch par molécule (AOD et AVK) et la molécule de remplacement choisie. Source : Haute Autorité de Santé. COMMISSION DE LA TRANSPARENCE Rapport d’évaluation des médicaments anticoagulants oraux. Haute Autorité de Santé; 2018.  [3]

Bibliographie         

  1. Borne RT, O’Donnell C, Turakhia MP, Varosy PD, Jackevicius CA, Marzec LN, et al. Adherence and outcomes to direct oral anticoagulants among patients with atrial fibrillation: findings from the veterans health administration. BMC Cardiovasc Disord 2017;17:236.
  2. Brown JD, Shewale AR, Talbert JC. Adherence to Rivaroxaban, Dabigatran, and Apixaban for Stroke Prevention in Incident, Treatment-Naïve Nonvalvular Atrial Fibrillation. J Manag Care Spec Pharm 2016;22:1319–29.
  3. Haute Autorité de Santé. COMMISSION DE LA TRANSPARENCE Rapport d’évaluation des médicaments anticoagulants oraux. Haute Autorité de Santé; 2018.

 

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