Dossier spécial : les 20 ans du TAVI

Pr Hélène Eltchaninoff
Cheffe du service de cardiologie
CHU de Rouen
Le TAVI (Transcatheter Aortic Valve Implantation) est une innovation française née à Rouen des idées d’Alain Cribier, et dont on célèbre cette année le 20ème anniversaire.
Cette technique, dont la seule évocation soulevait les pires critiques, a connu un succès considérable et une expansion mondiale qui défie l’imagination. Ceci a résulté de la combinaison d’avancées technologiques continuelles depuis le premier cas, et d’une évaluation scientifique des plus rigoureuses.
La non-infériorité ou la supériorité du TAVI par rapport au RVA sur l’amélioration des patients et la mortalité à moyen et long termes ont ainsi pu être constamment démontrés, ce qui a créé un nouveau paradigme pour l’approche thérapeutique du rétrécissement aortique calcifié dégénératif (RAC).
C’est à Rouen que bon nombre de cardiologues se sont retrouvés en mai dernier autour des pionniers du TAVI, les Prs Alain Cribier, Hélène Eltchaninoff et Christophe Tron, pour fêter les 20 ans de cette valve aortique percutanée qui a révolutionné la cardiologie interventionnelle. Suivez le reportage pour ne rien rater de cette évènement marquant.
À l’heure actuelle, le TAVI peut être proposé en première intention à tout patient âgé de plus de 65 ans aux USA, et de plus de 75 ans en Europe, quel que soit le risque chirurgical, le RVA restant indiqué pour les patients non candidats au TAVI.
Plus de 2 million de patients ont été traités par TAVI dans le monde, et une croissance de 4 à 10 % est prévue annuellement. Depuis 2019, le nombre de TAVI dépasse celui du RVA dans plusieurs pays, dont les USA.
Les effets collatéraux de cette technologie de rupture sur les pratiques médicales et sur le développement de nombreuses techniques interventionnelles pour d’autres maladies valvulaires ou structurelles myocardiques sont notables.
À cet égard, l’histoire du TAVI pourrait constituer une grande source d’inspiration pour tous les jeunes médecins et chercheurs qui se vouent à l’amélioration des techniques médicales.
Du TAVI au FIM
Le développement du TAVI a été une fascinante odyssée de 20 ans dont les principales étapes sont rappelées ici.
Pourquoi un tel succès ?
Pour la première fois en cardiologie interventionnelle, un traitement a été accompagné par une recherche internationale de haut niveau à chaque étape de son développement.
L’engouement pour le TAVI, inventé au départ pour traiter les patients inopérables, a généré des études randomisées, des registres permettant d’améliorer toutes les étapes, allant de l’indication à la procédure et au suivi.
Le futur du TAVI
Grâce à l’opiniâtreté d’Alain Cribier et après un effort sans précédent de validation scientifique, le TAVI est devenu le traitement possible de première intention du RAC serré symptomatique, y compris chez les patients à bas risque opératoire, ayant une espérance de vie importante après traitement.
La conséquence est que certains de nos patients traités par TAVI nécessiteront une réintervention en raison d’une détérioration structurelle de leur première bioprothèse, réintervention qui devrait logiquement pouvoir être de nouveau effectuée par une technique percutanée.
Et l’on commence d’ores et déjà à comprendre que, selon l’anatomie native de la racine aortique et ses rapports avec la bioprothèse percutanée implantée lors de la procédure initiale, une éventuelle implantation de seconde bioprothèse percutanée (TAVI dans TAVI) pourra être, dans certains cas, complexe, voire impossible, principalement en raison, soit d’un risque de mismatch sévère, soit d’un risque d’occlusion coronaire par refoulement des feuillets de la première bioprothèse...
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